Page images
PDF
EPUB
[ocr errors]

grand ouvrage de Wolff, sur le droit de la nature. Mais ce qui a fait sa réputation d'auteur, et lui a marqué un rang distingué parmi les publicistes du premier ordre, c'est son Droit des gens ou Principes de la loi naturelle appliqués à la conduite et aux affaires des nations et des souverains, publié à Neufchâtel en 1758, et qui a été traduit en plusieurs langues vivantes après plusieurs éditions. On reconnoît dans ce livre le savant, le philosophe, l'homme vraiment religieux, l'honnête homme et le bon citoyen. Ce fut après la publication de cet ouvrage qu'il fut rappelé à Dresde, et nommé conseiller privé de l'électeur de Saxe ; il y étoit encore en 1765, mais le travail ayant affoibli sa santé, il revint à Neufchâtel et y mourut en 1767 à l'âge de 53 ans, regretté de sa famille et de ses nombreux amis. Il avoit épousé en Saxe Mlle Marianne de Chêne, d'une famille française établie à Varsovie, dont il n'eut qu'un fils à Dresde, le 6 fév. 1765.

I. VATTEVILLE (l'abbé de), | d'une famille illustre de Berne, dont une branche s'établit en Franche-Comté du temps de la réformation, fut d'abord colonel du régiment de Bourgogne pour le roi d'Espagne Philippe IV, et se distingua par plusieurs actions d'éclat. Un passe droit qu'on lui fit le détermina à prendre l'habit de chartreux. Mécontent bientôt de son nouvel état, il s'évada de son monastère après, avoir tué le prieur. Il eut ensuite diverses aventures, et finit par se retirer dans les états du grand-seigneur, où il prit le turban. Etant entré dans le service, il montra sa valeur dans quelques occasions, devint bacha et

[ocr errors]

obtint le gouvernement de quel ques places dans la Morée, pendant la guerre de la république de Venise contre la Porte Ottomane. Cette circonstance lui fit naître l'idée de rentrer dans sa patrie. Il négocia secrètement avec les Vénitiens, qui obtinrent de Rome l'absolution de son changement de religion, sa sécularisation et un bénéfice considérable en Franche-Comté. Ce fut à ces conditions qu'il leur livra les places dont il étoit le maître. De retour dans sa province au moment où Louis XIV cherchoit à l'envahir il servit assez utilement la France pour obtenir deux riches abbayes et le haut doyenné du chapitre de Besançon. Il y vivoit en grand seigneur, ayant un équipage de chasse, une table somptueuse craint et respecté, du moins à l'extérieur. Il mourut en 1710, âgé de plus de 90 ans. Pelisson le peint ainsi dans son Histoire de la conquête de la FrancheComté en 1668: « Un tempérament froid et paisible en apparence, ardent et violent en effet ; beaucoup d'esprit, de vivacité, d'impétuosité au-dedans; beaucoup de dissimulation et de retenue au-dehors; des flammes couvertes de neige et de glace; un grand silence ou un torrent de paroles propres à persuader; renfermé en lui-même comme pour en sortir au besoin avec plus de force; le tout exercé par une vie pleine d'agi tations et de tempêtes propres à donner plus de fermeté et de souplesse à l'esprit. On trouve dans l'édition des œuvres de Duclos, publiées à Paris en 1806, une notice sur la vie de cet homme extraordinaire. Le baron de Vatteville qui fut ambassadeur à Londres étoit son frère: c'é

[ocr errors]

mais

toit un homme adroit et habile; mais sa vie ne fut pas agitée comme celle du doyen de Besançon, dont il avoit le génie sans néanmoius en avoir l'empor

tement.

VATTIER (Pierre), né à Lisieux dans le dix-septième siècle, se fit médecin, devint conseiller de Gaston duc d'Orléans, et abandonna la médecine pour cultiver la langue arabe. Nous lui devons une traduction française du Timur, et celle des Califes mahometans d'Elmacinus. Cette version parut à Paris en 1657. On a aussi de lui, Elégie de Thograi, Paris, 1660, in

8. Ses traductions sont fautives en bien des endroits. Vattier mourut en 1670, avec la réputation d'un habile arabisant.

VAU (Louis le), architecte français, mort à Paris en 1670, âgé de 58 ans, apportoit au travail une assiduité et un génie actif qui lui firent entreprendre et exécuter de grandes choses. Il remplit avec distinction la place de premier architecte du roi. Ce fut sur ses dessins qu'on éleva une partie des Tuileries, la porte de l'entrée du Louvre et les deux grands corps de bâtimens qui sont du côté du parc de Vincennes. Il donna les plans de l'hôtel de Colbert, de l'hôtel de Lionne, du château de Vaux-leVicomte et les dessins du collége des Quatre-Nations, exécutés par Dorbay son élève, etc.

: I.VAVASSEUR. V.MASSEVILLE. +II. VAVASSEUR (François), jésuite, né en 1605 à Paray dans le diocèse d'Autun, devint interprète de l'Ecriture sainte dans le collége des jésuites à Paris, où il finit ses jours le 14 décembre 1681. Le P. Vavasseur, plein

de la lecture des auteurs du siècle d'Auguste, s'est principalement distingué sur le parnasse latin; mais il est plus recommandable par l'élégance et la pureté du style que par la vivacité des Le père Lucas son confrère puimages et l'élévation des pensées. blia le recueil de ses poésies 1683, in-8°. On y trouve, I. Le Poésies saintes. III. Le TheurgiPoëme héroïque de Job. II. Des con en quatre livres, ou les Miracles de Jésus-Christ. IV. Un recueil d'Elégies. V. Un de Pièces épiques. VI. Trois livres d'’Edont plusieurs manpigrammes, quent de sel. Ce qui rend ses épigrammes fades, c'est qu'elles roulent sur des louanges; et la satire est plus propre pour l'épigramme. Elle plaît sur-tout davantage au lecteur malin. Les bons critiques reprochent à ses autres poésies une exactitude trop scrupuleuse, qui est plus d'un grammairien que d'un poète. Ses vers sentent quelquefois la contrainte. Ses autres ouvrages ont été recueillis à Amsterdam, 1705, in-folio. Ils renferment, I. Un Commentaire sur Job. II. Une Dissertation sur la beauté de Jésus-Christ, ou l'on trouve quel ques puérilités: il prétend que Jésus-Christ tenoit un milieu entre la laideur et la beauté. III. Un traité De ludicra dictione ou du style burlesque, contre lequel il s'éleva avee force. Il y montre qu'aucun auteur ni grec, ni latin, ne s'est servi de ce style. 11 passe en revue tous les écrivains anciens dont les ouvrages sont semés de plaisanteries, et il en juge avec beaucoup de sagacité. IV. Un Traité de l'Epigramme qui offre quelques bonnes réflexions. Ce Traité, ainsi que ses trois livres d'Epigrammes, furent imprimés à Paris en 1672,

[ocr errors]

in-8°. V. Une Critique de la poétique du père Rapin, pleine d'humeur et même de mauvaise foi. Elle est en français, et ce langage-là ne lui étoit pas aussi familier que le latin: autant celui-ci est pur et élégant, autant F'autre est désagréable. Une autre Critique de Godeau, évêque de Vence, publiée en 1650, in-8° de 128 pages sous ce titre : Antonius Godellus episcopus Grassensis an elogii Aureliani scriptor idoneus idemque utrùm poeta. Critique sans sel.

entreprendre le voyage de Paris, Quelques jours après son arrivée, la statue d'un joueur de flûte qui orne le jardin des Tuileries attira son attention; son imagination s'échauffe; tout-à-coup il se sentit frappé de l'idée de faire exécuter des airs par une statue semblable. Un de ses oncles, instruit de ce projet, le menaça de le faire enfermers'ily persistoit. Vaucanson, pour éviter un ridicule à son oncle, prit le parti de voyager, et ne revint à Paris que trois ans après. Il profita d'une maladie cruelle et longue pour s'occuper de son flûteur. Sans aucune correction, sans aucun tâtonnement, la machine tout entière résulta de la combinaison des pièces qu'il avoit fait exécuter en sortant de son lit. Cet automate introduit réellement dans sa flûte un soufle que le mouvement des doigts modifie avec justesse, et il exécutoit dix airs avec précision. Ce fut en 1738 que l'auteur parut à Paris avec cet étonnant androi de, dont il donna la description dans un Mémoire imprimé, et approuvé avec éloge par l'acadé

†VAUCANSON (Jacques de), célèbre mécanicien, pensionnaire de l'académie des sciences, naquit à Grenoble le 24 février 1709. Son goût pour la mécanique se déclara dès sa plus tendre enfance, et le hasard développa chez lui, comme chez Pascal, le talent que la nature lui avoit donné. Sa mère le conduisoit souvent chez une de ses amies pendant leurs conversations le jeune Vaucanson restoit à s'ennuyer dans la chambre voisine. Une pendule qui s'y trouvoit attira bientôt ses regards, il s'at-mie des sciences. Si ce Mémoire, tacha à découvrir le jeu des pièces. au lieu d'être l'exposition d'une Cette idée le poursuivit par-tout; machine exécutée, avoit été le enfin, au bout de plusieurs mois, projet d'une machine à faire, il parvint à saisir le mécanisme combien de gens l'auroient rede l'échappement, Dès ce mo- gardé comme chimérique ! A ment toutes ses idées se tournè- cette machine succéda bientôt un rent vers la mécanique. Il fit en automate qui jouoit à-la-fois du bois une très-bonne horloge, et tambour et du galoubet; il exépour décorer l'oratoire de sa mère, cutoit une vingtaine d'airs, meil exécuta des petits anges qui agi- nuets, rigodons ou contre-danses. toient leurs ailes, et des prêtres On vit deux canards qui harboautomates qui imitoient parfaite- toient, mangeoient, alloient ment les cérémonies de la messe, chercher le grain, le saisissoient ce qui charma tout le clergé de dans l'auge, et le digéroient. Il Grenoble. Il quittacette ville pour fit pour la représentation de la fixer quelque temps son séjour à tragédie de Cléopâtre, par MarLyon; mais le désir d'augmenter montel, un aspic qui s'élançoit en ses connoissances en conversant sifflant sur le sein de l'actrice.Ce avec les savans lui fit bientôt nouveau Prométhée ne se borna

[ocr errors]

en

rut le 21 novembre 1783. « Ne perdez point de temps, disoit-il aux ouvriers, je ne vivrai peutêtre pas assez long-temps pour expliquer mon idée en entier. II faisoit alors exécuter la machine qu'il avoit inventée pour composer sa Chaîne sans fin. Voltaire a dit de ce célèbre mécanicien : Le bardi Vaucanson, rival de Prométhée,

pas à ces automates, qui térieur duquel devoit s'opérer servant à sa gloire, auroient été tout le mécanisme de la circulainutiles à l'humanité; il dirige tion du sang; mais les leuteurs ses talens vers l'utilité publique. qu'éprouva l'exécution des ordres Il construisit des moulins pour de S. M. dégoûtèrent Vaucanson. la soie, qui, en simplifiant la Le ministre lui fit de nouvelles main-d'œuvre, donnent aux or-propositions qu'il refasa d'accepgansins une préparation plus par-ter, craignant les mêmes lenteurs. faite. Il inventa un métier sur le- Vaucanson posséda toutes les verquel un enfant pouvoit faire les tus privées auxquelles les hommes plus belles étoffes ét rivaliser peuvent prétendre. Attaqué avec le meilleur ouvrier. Ayant plusieurs années avant sa mort trouvé des imperfections essen- d'une maladie longue et cruelle tielles dans les tours à tirer la Vancanson conserva son activité soie, il y remédia par une nou-jusqu'au dernier moment. Il mouvelle machine; mais la routine, ce vieux préjugé du peuple et des sots, qui ont autant de peine à la quitter qu'un aveugle à se dessaisir de son bâton; cette routine inflexible empêcha l'usage de son tour, qui auroit donné à la soie plus de solidité, d'égalité et d'éclat. Ce fut à Lyon qu'il établit ses inventions économiques; mais comme elles rendoient inutiles une foule de bras, les ouvriers Prendre le feu' des ciens pour animer les corps. s'ameutèrent, et le célèbre inventeur manqua payer de ses + VAUCEL (Louis-Paul du), jours son génie et son zèle. Il ne auteurjanséniste, fils d'un conseilse vengea de cette injustice que ler d'Evreux, avoit été avocat par une plaisanterie fort ingé-avant que d'embrasser l'état ecnieuse. Le gouvernement l'avoit clésiastique. Ses connoissances consulté dans une discussion où dans les langues, dans le droit et l'on faisoit valoir l'intelligence dans les affaires, lui firent un peu commune que devoit avoir nom. Pavillon, évêque d'Aleth, un ouvrier en étoffes de soie. Il voulut l'avoir auprès de lui en répondit par une machine avec qualité de chanoine et de théololaquelle un âne exécutoit une gal de sa cathédrale. Du Vaucel étoffe de cette nature. En 1740 il fut d'un grand secours à ce prélat fut appelé par le roi de Prusse; et lui servit comme de secrétaire; mais il refusa les offres que lui mais tandis qu'il l'aidoit dans ses faisoit ce prince, juge éclairé du dépêches et dans les mémoires mérite. Peu de temps après le touchant l'affaire de la Régale, il Cardinal de Fleury lui confia reçut une lettre de cachet qui le l'inspection des manufactures de reléguoit à Saint-Pourçain dans soie. Au milieu de tous ces tra- l'extrémité de l'Auvergne. Après vaux, Vaucanson suivoit en secret quatre années de captivité il passa une idée à l'exécution de laquelle en Hollande en 1681 auprès le roi s'intéressoit: c'étoit la cous-d'Arnauld qui l'envoya à Rome, truction d'un automate dans l'in-où il fut fort utile à ce docteur et

Sembloit, de la nature imitant les ressorts,

[ocr errors]

à ses amis. Le pape le chargea en 1694 des affaires de la mission de Hollande. DuVaucel quitta Rome après y avoir demeuré près de dix ans. II parcourut la plupart des villes d'Italie, et alla mourir à Maestricht le 22 juillet 1715. On

[ocr errors]

la

chitecture Le sujet étoit une bourse pour une ville maritime

premier ordre; le concours fut jugé le 15 septembre, et l'unanimité des suffrages proclama Auguste Vachelet comme ayant mérité le second prix : triomphe

âge si peu avancé. Il reçut le prix le 6 octobre dans la séance publique et extraordinaire tenue par l'institut, et le 6 novembre 1810 la couronne qui avoit orné son front, ses camarades la deman

gale, qu'il envoya à Favoriti qui le fit traduire en italien, puis en latin, sous ce titre Tractatus generalis de Regalia, è gallico latinè redditus, auctior et emendatior, 1689, in-4. II. Breves considerationes in doctrinam Mi-dèrent à ses parens pour orner chaëlis de Molinos in 12. III. Plusieurs Lettres, Mémoires, etc., sous le nom de Pavillon évêque d'Aleth daus le temps qu'il servoit de secrétaire à ce prélat. IV. plusieurs Ecrits sous des noms supposés, dans des recueils d'autres auteurs, etc.

son tombeau. Il a succombé, en deux jours, à une inflammation d'entrailles, occasionnée par un travail trop ardent et trop suivi; le président et plusieurs membres de l'institut ont honoré ses obsèques. Ce jeune et vertueux jeune homme étoit un modèle de piété, de dévouement filial; il employoit tous ses apointemens à secourir son pére et sa mère, et se char

VAUCELLES (Macé ou Matthieu de ), poète et imprimeur au Mans se distingua tout à la fois par ses éditions et ses poé-goit de l'éducation de l'un de ses sies. Il existoit en 1539. ༔,་,

و

[ocr errors]

frères. MM. Percier et Fontaine ont assuré que si la mort n'avoit pas moissonné le jeune Vauchelet, il seroit devenu l'un des plus célèbres dans l'art de l'architecture. L'un de ses frères suit la même carrière, et annonce les plus brillantes dispositions.

* VAUCHER ( Matthieu), né à Poligny au commencement du 16° siècle, fut créé héraut d'ar

mes

par l'empereur CharlesQuint, sous le nom de Franche

*VAUCHELET ( Auguste), né à Paris le 21 octobre 1792, mort le 6 novembre 1810. Dès son enfance, il avoit montré un goût décidé pour le dessin, particulièrement pour l'architecture: son père l'avoit confié à MM. Percier et Fontaine, architectes de l'empereur. Leurs soins ne furent pas sans succes, car à quinze ans et demi, le jeune homme obtint une médaille d'encouragement, et huit autres médailles ne tar-Comté, et se distingua dans la dèrent pas à être la récompense 1546, contre les protestans d'Alguerre que ce prince soutint, en de son application et de ses pro- lemagne. Il a traduit de l'espagrès. Il avoit 16 ans et demi Lorsque la classe des beaux arts gnol en français les Commende l'institut l'admit à concourir taires de dom Louis d'Avila, pour le grand prix de Rome; il en Anvers, 1540 et 1550. avoit 17 et demi lorsqu'elle lui VAUCHOT( Prudent), né à accorda l'honneur de concourir Faucogney en Franche-Comté, enpour l'un des grands prix d'artra dans l'ordre des capucins; il

« PreviousContinue »