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mence, le gouvernement se borna à punir de mort un seul coupable; le reste fut déporté dans les établissemens portugais de la côte d'Afrique.

Les colons du Brésil ont une si haute idée de l'impor tance de cette colourie, qu'ils pensent que la reine de Portugal devroit transférer parmi eux le siége de son empire, ou leur laisser suivre leur fortuné, et se servir des moyens qu'ils tiennent de la nature, sans vouloir arbitrairement leur faire redouter sans cesse le poids d'un sceptre éloigné. Le grand intérêt qu'ils prirent à la révolution française, et le soin avec lequel ils s'informoient de ses progrès, sembloient annoncer qu'ils pressentoient la possibilité d'en suivre bientôt l'exemple. Ce qui est beaucoup plus extraordinaire, c'est que le projet de transporter au Brésil le siége du gouvernement portugais, fut sur le point d'être adopté par le marquis de Pombal (1), lorsqu'en 1761, les Espagnols envahirent une partie du Portugal. On calcula le nombre de vaisseaux qu'il falloit pour transporter, à travers la mer Atlantique, la famille royale, les principaux officiers de la cour et toute leur suite; et l'on prit les précautions nécessaires pour se procurer ces vaisseaux. Mais le projet s'évanouit avec le danger qui l'avoit fait naître ; et l'on ne considéra plus le Brésil que comme une colonie exclusivement destinée à enrichir la mère-patrie.

Pour achever de s'instruire sur la colonie du Brésil, il faut recourir d'abord à la relation de Corréal, dont j'ai donné la notice (cinquième Partie, section 1); à celle de Langsted, énoncée ( première Partie, section VIII, §. VII); à l'extrait que Laet, dans son Nouveau Monde, dont j'ai donné la notice (cinquième Partie, section 1) nous a procuré du voyage d'un Anglais nommé Knivet, qui avoit résidé long-temps au Brésil. Ce voyageur compte jusqu'à

(1) Long-temps auparavant, comme le remarque le traducteur de la relation de sir Staunton en français, le même projet fut proposé au roi Jean 1v, qui n'eut pas, dit-il, le sage courage de l'exécuter.

douze nations principales appartenant proprement au Brésil. La plus redoutable par ses qualités physiques et par une cruauté inouie, est celle des Tapuyas, qui renferme à elle seule jusqu'à soixante et seize tribus différentes, portant divers noms, mais qui se rapprochent par la même férocité. Ce peuple s'est rendu redoutable à toutes les nations voisines, et donne même quelquefois de violentes inquiétudes aux Portugais.

Mais c'est sur-tout dans le Mémoire sur le Brésil, par M. Malte-Brun, que j'ai précédemment indiqué, et qu'il a rédigé d'après d'excellentes autorités, qu'on puisera beaucoup de lumières sur la colonie du Brésil, particulièrement sur sa géographie physique, sa topographie, sa température, sa géologie, sa minéralogie, sa botanique (1), sa zoologie, son ornithologie, son ichthyologie, son entomologie, etc.... Aux notions de Knivet sur les infligènes, l'auteur en ajouté de très-curieuses sur les Onctacazas, tirées de l'ouvrage d'Acuna. Le Mémoire est terminé des considérations sur le commerce du Brésil, tirées du Voyage de M. Barrow.

par

S. IV. Descriptions des pays arrosés par le Maragnon ou la rivière des Amazones, et du Paraguay: Voyages faits dans ces contrées.

LES Lettres édifiantes renferment des renseignemens curieux sur ces contrées. Voici les relations qui leur sont particulières.

NOUVELLE DESCRIPTION du grand royaume des Amazones, par le P. Christophe d'Acuña: (en espagnol) Nuevo Descubrimiento del gran rio de las Amazones, por el Pedro Christoval de Acuña. Madrid, 1641, in-4°.

́(1) Pour cette partie sur-tout, l'auteur du Mémoire a reçu d'ex¬ cellentes notes de M. Correa de Serra.

Cet ouvrage, en espagnol, est rare même en Espagne : il l'est beaucoup plus encore chez l'étranger. Le prix en a varié en France, depuis 63 jusqu'à 248 livres. Pour s'assurer de l'intégrité de l'exemplaire, il faut consulter la Bibliographie de De Bure (tome 11 de l'Histoire, pag. 268 et 269).

La traduction en a été faite en français, et a paru sous le titre suivant :

RELATION de la rivière des Amazones, traduite de l'espagnol d'Acuña par Gomberville. Paris, 1682, 4 vol. in-12.

On a inséré dans cette traduction, une dissertation curieuse. L'une et l'autre ont été réimprimées, mais la relation par extrait seulement, à la suite du Voyage autour. du Monde, par Wood Rogers.

L'ouvrage d'Acuna est fort recherché et doit l'être : il fait connoître un vaste pays où les Européens n'ont pas pu former, comme dans les autres parties de l'Amérique, de grands établissemens, et qui n'a guère été visité que par les missionnaires espagnols et portugais, qui ont péniblement rassemblé diverses peuplades d'indigènes. La partie de ces pays qui comprend toutes les missions espagnoles, a pris le nom de gouvernement de Maynas, et paroît dépendre de la vice-royauté du Pérou; mais toute l'autorité est réellement dans la main des missionnaires. Ce qu'on y appelle villes, ne sont que de grosses bourgades peuplées de Sauvages et de diverses nations : il en est de même de ces parties du pays où se sont étendues les missions portugaises. Cependant des possessions si précaires ont plus d'une fois excité la jalousie des deux nations européennes ; et plus d'une fois il a fallu régler, par divers traités, leurs limites respectives.

Non-seulement la relation d'Acuna fait connoître l'état physique de l'immense contrée arrosée par le Maragnon ou fleuve des Amazones, mais elle donne beaucoup de lumières sur les nombreuses peuplades qui y sont éparses.

RELATION historique et géographique de la grande rivière des Amazones dans l'Amérique, par le comte de Payan, extraite de divers auteurs, et traduite dans la meilleure forme, avec la carte de cette rivière et de ses provinces. Paris, Besogne, 1655, in-8°.

Celle relation est assez rare.

Le comte de Payan s'est beaucoup aidé de la relation du P. d'Acuna.

DU MARAGNON ou de la rivière des Amazones : Histoire de sa découverte, de l'entrée dans le pays, et de la réduction à l'obéissance des nations répandues sur les nombreuses montagnes et sur les bords des grandes rivières de cette partie de l'Amérique ; écrite par le P. Manuel Rodriguez: (en espagnol) El Maragnon y las Amazonas, Historia de los Descubrimientos, entradas y reduccion de naciones, en las dilatadas montañas y majores rios de la America, descritta por el Padre Manuel Rodriguez. Madrid, 1685, in-fol.

Cette relation bien complète n'est pas commune. Pour s'assurer qu'elle est telle, il faut consulter la Bibliographie de De Bure (tome premier de l'Histoire, no. 5655).

RELATION de la grande rivière des Amazones dans l'Amérique méridionale : (en anglais) A Relation of the great river of the Amazones into SouthAmerica. Londres, 1698, in-4°.

ANNALES historiques sur l'état actuel du Maragnon, par Bernard Pereira de Berredo : (en portugais) Annales historial de Maranhaon, por Bernardo Pereira de Berredo. Lisbonne, François Luiz, 1739, in-fol.

RELATION abrégée d'un voyage fait dans l'intérieur de l'Amérique méridionale, depuis la côte de la mer du Sud jusqu'à celle du Brésil et de la Guyane, en descendant la rivière des Amazones; avec une Lettre sur l'émeute populaire excitée à Cuença au Pérou, contre les académiciens envoyés pour mesurer la figure de la terre: par M. de la Condamine; le tout enrichi d'une carte du Maragnon ou de la rivière des Amazones, levée par luimême, et d'une planche représentant l'émeute. Paris, Pissot, 1745; Maestricht, 1778, in-8°.

Cette relation a été traduite en anglais sous le titre suivant :

} A SUCCINCT ABRIDGMENT of a voyage, made in the inland parts of South-America. Londres, 11747, in-8°.

Elle l'a été en allemand sous le titre que voici :

NACHRICHT von einer Reise in das innerste von Süd-America. (Hamburg. Magazin, 6. Band. pag. 3-70 et 227-288.)

-Elle l'a été en hollandais. Amsterdam, 1748, in-8°.

En même temps que, dans cette relation, l'on admire le courage infatigable avec lequel La Condamine s'enfonça dans des régions désertes où l'on ne rencontre que quelques hordes, on y recueille des renseignemens précieux sur plusieurs parties d'une contrée immense, qui ne nous étoit connue que par les récits des missionnaires. A ces renseignemens, La Condamine a ajouté des observations très-judicieuses sur les indigènes (1).

(1) On retrouvera ici avec plaisir, l'apperçu rapide et animé

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