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d'une ville. La mer y étoit couverte de pirogues, comme à Mavena, où plus de deux cents de ces bâtimens euvironnèrent ses navires.

Ce navigateur dépeint les femmes de ces îles comme très jolies et fort libres dans leurs manières. Les hommes sont d'une stature et d'une force peu communes : ils méprisoient la petite taille des Français. Du reste, ils ont une férocité de caractère qu'on ne remarque guère dans les autres îles de la mer du Sud. Mais ils l'emportent peutêtre sur les insulaires de cette partie du globe, par leur industrie, leur adresse, leur esprit même d'invention. On est étonné de les voir, avec de simples outils de basalte, réussir à polir parfaitement les ouvrages en bois. La matière de ces outils porteroit à croire que ces îles ont eu des volcans : cette observation a échappé aux différens navigaleurs qui ont visité ces îles.

ISLE DE PAQUES.

Cette île, qui semble appartenir plutôt à la Polynésie, quoiqu'elle en soit détachée et même à une assez grande distance, qu'à l'Amérique méridionale, fut visitée, pour la première fois, en 1686, par Davis: elle l'a été depuis par Cook, et plus récemment par La Peyrouse. Voici l'apperçu de ce que renferment, sur l'île de Pâques, les relations de ces deux derniers navigateurs.

La forme de cette île est triangulaire : à l'une de ses extrémités, on trouve des indices sûrs d'un ancien volcan. A la différence de ce qui se pratique dans toutes les îles de la mer du Sud, les naturels de celle de Pâques construisent leurs huttes en pierres qu'ils trouvent toules détachées dans l'île. La porte en est si basse, que pour y entrer, ils marchent sur leurs genoux et leurs mains. Ils y pratiquent une espèce de cave, dont ils font le magasin de leurs provisions et de leurs outils. Ils ont néanmoins aussi quelques édifices en bois. La structure de leurs moraïs ou temples, qui, comme dans la Polynésie, servent aussi de cime

tières, sont construits d'une manière assez remarquable. Ce sont des espèces de plates-formes surmontées de colonnes informes, mais qui ont jusqu'à quinze pieds de haut, et qui, suivant l'observation de l'ingénieur qui étoit de l'expédition de La Peyrouse, n'ont pu être élevées, sans le secours des cordes et d'autres machines, qu'avec une extrême difficulté.

L'industrie des naturels de cette île ne se décèle pas seulement dans ces constructions: elle se manifeste d'une manière beaucoup plus utile pour eux dans leur agriculture. Le sol de l'île de Pâques est si stérile, que les arbres ne s'y élèvent pas à plus de dix pieds: elle n'est arrosée par aucun ruisseau. L'eau s'y arrête et même s'y perd dans les cavités des rochers; et l'industrie des habitans est néanmoins parvenue à former, dans une terre aussi ingrate, des plantations de bananiers, de pommes-de-terre, d'ignames et même de mûriers à papier, dont l'écorce est employée à faire des étoffes, et souvent aussi leur habille

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ment.

HISTOIRE Chronologique des découvertes faites dans la mer du Sud ou l'océan Pacifique, depuis l'an 1579 jusqu'en 1620; par le capitaine de vaisseau Jacques Burney, avec planches et cartes: (en anglais) A chronological History of the discoveries in the SouthSea or the Pacific Ocean, etc.... by James Burney. Londres, Nicol, 1804-1807, 2 vol. in-4°.

L'auteur de cette Histoire chronologique se propose de publier les extraits de différens voyages faits, non-seulement dans la mer du Sud, comme l'annonce le titre, mais aux Terres Magellaniques et en Amérique, et dégagés des détails nautiques et d'autres particularités qui ne sont pas d'un intérêt général. Il a adopté, comme on le voit, l'ordre chronologique, en divisant tous les voyages en six classes générales et distinctes. Mais il n'offre cette division que comme un essai susceptible de plusieurs modifications.

En attendant qu'il se soit fixé sur l'exécution de ce vaste plan, il commence par la cinquième classe, qui comprend les voyages faits autour du monde, mais principalement dans la mer du Sud. C'est ce qui m'a fait placer cet ouvrage dans le paragraphe relatif aux Voyages faits dans cette mer. L'introduction renferme une relation succincte de toutes les découvertes faites avant le voyage de Magellan. L'auteur a consulté et comparé à cet effet toutes les relations qui nous restent sur ces découvertes; mais en général, il a suivi celles de Ferrera et de Pigafetta. A l'occasion du voyage de Magellan, il examine une assertion qui, si elle étoit solidement appuyée, diminueroit beaucoup la gloire de ce célèbre navigateur. Cette assertion consiste à soutenir que le détroit qui porte le nom de Magellan avoit été connu avant lui, et indiqué même par un globe de Martin Behaim, de Nuremberg, et que parlà, ce dernier avoit montré la route de l'Amérique à Christophe Colomb.

L'auteur de l'Histoire chronologique commence d'abord par faire observer que cette assertion n'a été faite et publiée qu'après la découverte. Il ajoute que Martin Behaim n'avoit fait son globe terrestre qu'en 1492, l'année même où Christophe Colomb entreprit son grand voyage de découverles. La figure et la description de ce globe ont élé publiées, et l'on n'y apperçoit aucun continent de l'Amérique, ni même aucune terre qui pût arrêter la navigation vers l'ouest de la Chine. Après la découverte de l'Amérique, Martin Behaim aura probablement changé son globe ou sa mappemonde. Au reste, l'auteur trouve trèsprobable que Martin Behaim, et plusieurs autres avant lui, avoient peut-être l'idée d'une navigation vers l'ouest, avant que Colomb et Magellan eussent formé le projet de l'exécuter.

La suite du volume contient l'extrait de plusieurs autres voyages faits par les Espagnols et les Portugais, avec un apperçu du progrès de leurs découvertes.

Le premier navigateur anglais qui est entré dans la mer

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du Sud, est nommé Oxnam ou Oxenham. Il passa l'isthme de Darien, la première fois avec Dracke, en 1573, et ensuite en 1575. Il construisit un brigantin sur les côtes de la mer du Sud, et commença à piller les provisions et les vaisseaux espagnols: ayant été pris dans ces excursions, il fut condamné comme pirate, et exécuté.

L'idée d'un continent méridional est très-ancienne, et se trouve déjà dans les rapports de Juan Fernandez. Les mathématiciens et les géographes l'accueillirent ensuite, parce qu'ils croyoient ce continent nécessaire dans l'hémisphère austral, pour contrebalancer la masse de l'Asie et de l'Europe dans l'hémisphère septentrional. Les voyages qui ont été faits depuis dans la mer du Sud, ont détruit cette opinion.

Dans la nouvelle Histoire chronologique, le voyage de sir François Dracke est rédigé avec beaucoup de précision, d'après tous les rapports qui existent, soit imprimés, soit manuscrits. On y a ajouté l'explication de la projection. des cartes qui accompagnent le premier volume, et plusieurs observations géographiques. On y trouve, entre autres la description de quelques cartes du seizième siècle, sur lesquelles la Nouvelle-Hollande est désignée sous le nom de Grand-Java. L'appendix contient quelques nouvelles remarques sur la projection des cartes, et particulièrement sur le degré de courbure propre aux parallèles de latitude.

Tel est l'objet du premier volume. Le second renferme, outre les voyages à la mer du Sud dont j'ai donné la notice, ceux de Robert Witherington, de Christophe Litter, de Don Alvario de Mandana, dans cette mer. On y trouve aussi quelques voyages dans le détroit de Magellan que j'indiquerai ultérieurement.

N'ayant pas pu me procurer l'inspection de l'ouvrage de Burney, j'ai emprunté du Journal de la Littérature étrangère une partie de la notice qu'on y a insérée de cet Quvrage..

SECTION II.

Descriptions des Terres Magellaniques. Voyages faits dans ces pays.

VÉRITABLE et exacte Description de toutes les pertes qu'essuyèrent, en 1598, cinq navires.expédiés d'Amsterdam pour gagner les îles Moluques par le détroit de Magellan, et principalement le vaisseau commandé par le capitaine Weert, qui, après avoir souffert pendant deux années entières des fatigues infinies et de cruelles angoisses, revint enfin en l'année 1600 dans sa patrie, sans avoir rempli sa destination; par Bernard Jansz: (en latin) Bernhardi Jansz vera et accurata Descriptio cladium omnium quae acciderunt quinque navibus, anno 1598, Amstaelodamo expeditis, et per fretum Magellanium ad. Moluccana's porrecturis : navi praecipue fidei capitanei de Weert addictae, qui post infinitos labores et aerumnas biennio integro toleratas, tandem anno 1600 re infecta ad suos rediit. (Insérée dans la neuvième partie de la Collection des Grands Voyages de Théodore De Bry, page 56.)

VOYAGE fait au détroit de Magellan, dans les années 1615 à 1617, par Guillaume-Corneille Schouten: (en hollandais) Reyse gedaen in de Jahren 1615, 1616, 1617, door de straet Magellanes, door Will. Corn. Schouten. Amsterdam, 1617, in-4°.

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