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trophes des possessions anglaises le long de la côte de Labrador, et depuis l'embouchure du golfe de Saint-Laurent jusqu'à Mont-Réal. Une industrie qui les distingue particulièrement, c'est l'art avec lequel ils brodent leurs vêtemens, en se servant de piquans de porcs-épics et des soies des daims gris.

Les Chipoyans, quoique voisins des Kinstenaux, n'entendent point la langue de ces derniers : la leur est abondante et difficile à apprendre: elle est divisée en plusieurs dialectes que parlent les différentes tribus. De toutes les peuplades américaines, c'est la plus nombreuse; mais elle ne l'est pourtant pas à proportion de la vaste étendue qu'elle occupe, ce que Makensie attribue aux ravages de la petite-vérole. Il est remarquable que les Chipoyans n'ont pas le goût des liqueurs fortes; aussi leurs rixes sontelles rarement sanglantes. Ils ne sont ni chasseurs habiles, ni bons guerriers. Ce n'est que par le grand nombre qu'ils l'emportent sur les Européens. Malgré la douceur de leur caractère, ils sont dans l'usage de ne point faire de prisonniers, et de massacrer de sang-froid ceux de leurs ennemis qui tombent en leur pouvoir; mais Makensie nie formellement qu'ils soient anthropophages, comme on les en avoit accusés. Il assure même qu'il n'a pas connu dans l'Amérique septentrionale, une seule nation qui le

fût réellement.

Les idées des Chipoyans sur la création du monde sont fort bizarres, et leur appartiennent entièrement celles qu'ils ont conservées sur une révolution diluvienne, et sur le refuge qu'offrirent, lors de cette grande catastrophe les hautes montagnes, sont conformes aux traditions des Juifs et de beaucoup d'autres nations. Outre la croyance de la métempsycose, ils ont celle d'un jugement dernier. Ils croyent qu'à l'instant qu'ils meurent, leur ame passe dans un autre monde; qu'arrivés sur le bord d'une grande rivière, ils s'embarquent dans un canot de pierre, et que le courant les porte dans un grand lac, où s'élève dans le centre une île délicieuse. C'est là qu'on leur prononce

l'arrêt irrévocable de leur destinée. Si, pendant leur vie, leurs bonnes actions l'ont emporté sur les mauvaises, on les débarque dans l'île, où ils jouissent de tous les plaisirs des sens. Dans le cas contraire, le canot s'enfonce, et ils restent plongés dans le lac jusqu'au menton, faisant sans cesse de vains efforts pour arriver à l'île fortunée, qu'ils voyent toujours sans pouvoir l'atteindre. Il est assez singulier de trouver chez les Chipoyans la barque à Caron, les champs Eliséens, et le gouffre ou Tartare des Grecs.

Les détails où est entré Makensie sur les autres nations

qu'il a visitées dans le cours de ses voyages, n'ont ni le même intérêt, ni le même mérite de la nouveauté, que les notions qu'il donne sur les Chipoyans et les Kinstenaux.

S. III. Relations communes au Canada et aux Etats-Unis.

NOTICES géographiques, historiques et politiques, sur la partie de l'Amérique septentrionale qui est le théâtre de la guerre entre les Français et les Anglais : (en allemand) Geographisch-HistorischPolitische Nachrichten von dem Theil des Nordlichen America, wo zwischen den Franzosen und Engländern, Krieg geführet wird. Francfort et Leipsic, 1756, in-8°.

JOURNAL historique du capitaine Jean Knox, des campagnes de 1757, 58, 59 et 60, dans l'Amérique du nord (le Canada et les Etats-Unis), comprenant les événemens les plus remarquables à cette époque, particulièrement le siége de Québec sous les ordres de l'amiral et des officiers-généraux, la description des pays où l'auteur a servi, de leurs forts et de leurs garnisons, de leurs climats, sol et

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productions, et un journal régulier de la température de l'air on y a joint plusieurs manifestes des mandemens de l'évêque du Canada, et le régime français de cette colonie: (en anglais) Capitaine John Knox's Historical Journal of the campains in North-America, for the years 1757, 58, 59 and 1760, containing the most remarkable concurrence of the period, particularly two sieges of Quebec under the orders of the admiral and general-officers; description of the countries where the author has served: with their forts and garnisons, their climate, soïl, produce, and a regular diary of the weather; also several manifesties, a mandate of the biskop of Canada; the french order and dispositions for that colony. Londres, 1769, 2 vol. in-4°.

LETTRES Confidentielles de quelques Officiers allemands dans le Canada et la Nouvelle-Angleterre, en 1777 et 1778, sur l'état physique, économique et moral de ces pays : (en allemand) Vertrauliche Briefe von Canada und Neu England von 1777 und 1778, über den gegenwärtigen Physischen, Economischen und Moralischen Zustand dieser Länder (von einigen Deutschen Officiers). Gottingue, 1779, in-8°.

VOYAGE dans les parties intérieures de l'Amérique, pendant le cours de la dernière guerre, par un Officier de l'armée royale; traduit de l'Anglais, avec une carte où l'on a tracé le cours du voyage. Paris, Briand, 1790, 2 vol. in-8°.

Dans la première partie de ce Voyage, la scène des observations du voyageur est le Canada: dans la seconde,

ce sont les Etats-Unis. Aucune prévention en faveur de la cause pour laquelle il combattoit, n'a dû le porter à allérer le caractère moral des colons du Canada; mais l'intérêt de cette cause l'a souvent conduit à défigurer celui des Anglo-Américains. Il dépeint les Colons d'un rang au-dessus du commun dans le Canada, tels que toutes les relations nous les représentent, très-infatués de leurs préjugés nobiliaires et du régime féodal, passionnés pour les plaisirs, et esclaves des pratiques minutieuses de la dévotion, indolens et inactifs dans l'intérieur du pays, et ne montrant d'activité que dans les expéditions lointaines de la guerre.

Quant à la classe des fermiers, il s'y est opéré, suivant le voyageur, la révolution la plus heureuse, depuis que le Canada a passé sous la domination de l'Angleterre. Ces hommes, jadis si paresseux et si indolens, sont devenus actifs et industrieux. Sans cesse, on les voit s'occuper à couper des bois pour former de nouvelles fermes : ce changement tient sans doute aux principes de liberté, aux idées d'égalité politique qui ont pris racine dans le pays, aux encouragemens que donne le gouvernement. Le voyageur néanmoins a cru voir que les Canadiens regrettent le gouvernement français; mais il ajoute que ceci ne doit néanmoins s'entendre que des seigneurs de fief qui ont perdu une partie de leurs prérogatives féodales, en passant sous la dénomination anglaise (1). La classe du bas peuple est fort insolente dans le Canada: le voyageur l'attribue à l'excessive indulgence du gouvernement anglais. A l'égard des femmes, il les dépeint vives, d'un bon caractère et très-obligeantes, propres dans leur mise, mais n'ayant aucune prétention à la beauté.

Tous les jugemens que porte le voyageur sur les AngloAméricains, et qui, comme je l'ai déjà fait observer, ont le caractère de la prévention et de la haine, se trouvent

(1) Cette assertion est démentie par M. Weld, dans son Voyage au Canada, dont je donnerai incessamment la notice.

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mêlés dans sa narration, avec les événemens de la guerre de l'indépendance, et ne sont pas susceptibles d'être présentés par apperçu

Indépendamment, des observations sur les hommes, on trouve dans la relation des détails intéressans sur la nature du climat et celle du sol, sur les animaux et les productions du pays.

JOURNAL d'un voyage fait dans l'intérieur de l'Amérique septentrionale, dans lequel on donne des détails précieux sur l'insurrection des AngloAméricains, et sur la chute désastreuse de leur papier-monnoie; traduit de l'anglais et enrichi de notes par M. Noël; enrichi de cartes et de figures. Paris, La Villette, 1795, 2 vol. in-8°.

Quoique le voyageur ait décrit les principaux établissemens du Canada, et légèrement crayonné les moeurs et les usages des Canadiens; quoiqu'il ait aussi donné la description de plusieurs villes des Etats-Unis, et tracé quelque chose du caractère de leurs habitans, sa relation nous instruit beaucoup plus des événemens politiques et militaires, qu'elle ne nous procure de lumières sur le pays et les peuples.

VOYAGE dans le Canada et les Etats-Unis, dans les années 1795, 96 et 97, par Jean Weld: (en anglais) A Voyage to Canada and the United-State of America, by John Weld: Londres, Jean Stokdale, 1799, 2 vol. in-8°.

Ce Voyage a été traduit en allemand, avec des planches; en voici le titre :

J. WELD'S Reisen durch die Vereinigten Staaten von Nord-Amerika. Berlin, Oehmge, 1800, 2 vol. in-8°.

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