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abondance. Plusieurs volcans s'annonçoient dans la principale terre et dans les îles voisines. Carteret et d'Entrecasteaux ont visité ce pays. Le dernier confirme ce que Carteret a avancé sur sa nombreuse population. Il ajoute que les habitations sont élevées sur des pieux, comme on verra que le sont celles des Papous.

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La Nouvelle-Irlande ne nous est guère connue que par le capitaine Carteret, qui la visita et qui donna son nom à l'un de ses hâvres. Des montagnes escarpées, composées en partie de débris de corps marins et couvertes de bois jusqu'à leurs sommets, s'élèvent jusqu'à plus de huit mille pieds au-dessus de la mer. Les habitans sont noirs, et ont les cheveux laineux et crépus; mais ils n'ont ni les lèvres épaisses, ni le nez plat des nègres : ils se barbouillent tout le corps de blanc, et couvrent leurs cheveux d'une poudre de la même couleur, Carteret les dépeint comme très-belli queux. On trouve à la Nouvelle-Irlande l'arbre à pain, l'arac, beaucoup de figuiers. M. de Bougainville qui ne fit qu'entrevoir, en quelque sorte, ce pays, y observa le poi

vrier.

NOUVELLE-HANOVRE. ISLES DE L'AMIRAUTÉ, DES HERMITES ET DE L'ÉCHIQUIER.

La Nouvelle-Hanôvre est séparée de la Nouvelle-Irlande par un canal formé de rescifs et dont l'entrée est obstruée par de petites îles. Sa configuration, du côté du nord-ouest, offre un terrein aplati; son centre, au contraire, est occupé par des montagnes très-élevées.

Les îles Portland, de l'Amirauté, des Hermites et de l'Echiquier sont autant de petits archipels qui tous ont une île principale occupant le centre de chacun de ces groupes, L'archipel des îles de l'Amirauté paroît être le plus considérable: on lui donne dix-huit lieues de long: celui des Hermites n'excède guère quatorze lieues de circuit. Jusqu'ici les îles de l'Amirauté sont les mieux connues.

C'est au voyage fait à la recherche de La Peyrouse (tome premier, édition in-4.) qu'on doit les notions les

plus étendues qui aient été recueillies jusqu'à présent sur ces divers archipels. Celui des îles de l'Amirauté a principalement été l'objet des observations de M. la Billardière. L'ile principale de ce groupe est montueuse. La couleur de ses habitans est d'un noir un peu clair. Leur physionomie, en général agréable, se rapproche assez de celle des Européens. Leurs cheveux sont crépus : ils portent à l'extrémité de leurs parties naturelles une coquille, et ils sont d'ailleurs entièrement nus: les femmes s'entourent la ceinture d'une espèce de vêlement. Leurs principaux alimens sont des noix et des cocos. Ils sont farouches et adonnés au vol. Leurs chefs paroissent avoir beaucoup d'autorité sur

eux.

Dans l'archipel des Hermites, les habitans ont plus de ressources pour la nourriture : ces îles produisent plusieurs espèces de fruits, tous bons à manger. Avec plus de vigueur en apparence que les insulaires de l'archipel de l'Amirauté, leur caractère paroît plus doux. Ils sont entièrement nus, ne connoissent pas même l'usage de la coquille.

ISLE DES PAPOUS OU NOUVELLE-GUINÉE.

VOYAGE à la Nouvelle-Guinée, dans lequel on trouve la description des lieux, des observations physiques et morales, et des détails relatifs à l'histoire naturelle dans les règues animal et végétal, par M. Sonnerat, enrichi de cent vingt figures en taille-douce. Paris, Ruault, 1776, in-4°.

Le même, traduit en allemand par J. Ebeling. Leipsic, 1777, in-4°.

-Le même, traduit par extrait en suédois, par Edman. Upsal, 1789, 3 vol. in-8°.

Le même, traduit en anglais sous le titre suivant.

VOYAGE de Sonnerat aux Isles à Epices: (en an

glais) Sonnerat's Voyage to the Spice Islands. Londres, in-12.

Dans cette version anglaise dont je ne connois que le titre, il paroît, ou qu'on n'a extrait du voyage original que la partie de ce voyage qui roule sur les îles Moluques, et qui n'est ni la plus instructive, ni la plus curieuse ; ou, si la traduction est complète, qu'on a considéré cettę partie de la relation comme la plus importante et comme celle qui devoit figurer principalement dans le titre.

Le voyage original est très-précieux, particulièrement pour la Zoologie, mais sur-tout pour l'Ornithologie des pays que le voyageur a visités.

VOYAGE du capitaine Thomas Forest à la Nouvelle-Guinée, aux Moluques, à Balambungen, renfermant une relation de Magindano et autres îles, avec des planches en taille-douce, entrepris sur la galère la Tartare, appartenant à l'honorable compagnie des Indes orientales, en 1774, 1775, 1776, auquel on a joint un vocabulaire de la langue magindano: (en anglais) Cap. Thomas Forest's Voyage to Guinea and the Molucaus, from Balambungen, including an account of Magindano and others islands, and illustrated with copper-plates, performed in the Tartar Gally, belonging to the honourable east India company, during the years 1774, 1775, 1776, to which is added a vocabulary of the Magindano tongue, Dublin, 1779, in-4°.

Ce voyage a été traduit en françois sous le titre suivant. VOYAGE aux Moluques et à la Nouvelle-Guinée, fait sur la galère la Tartare, en 1774, 1775, 1776, par ordre de la compagnie anglaise, par le capitaine Forest, traduit de l'anglais par M. Demeunier, orné

de planches et de cartes. Paris, Panckoucke, 1780, in-4°.

Ce voyage moins précieux que celui de Sonnerat pour différentes branches de l'histoire naturelle, l'est beaucoup plus en ce qui concerne le caractère physique et moral, la langue, les usages et opérations commerciales des habitans dans la partie de cette contrée que le capitaine Forest a visitée.

C'est à Saavedra, capitaine espagnol, qu'on doit la découverte, en 1528, de l'île des Papous, à laquelle on a donné le nom de Nouvelle-Guinée, vraisemblablement dans l'espérance qu'on eut d'y trouver, comme dans la Guinée d'Afrique, de l'or. Quoique le célèbre navigateur Dampierre.eût fait plusieurs découvertes sur la côte des Papous et sur les îles voisines; quoiqu'on eût donné son nom au détroit qui sépare ce pays de la Nouvelle Bretagne, le président de Brosses et M. de Bougainville même avoient élevé des doutes sur l'existence de la Nouvelle-Guinée : mais ils furent levés par le capitaine Cook, qui visita le détroit qu'on trouva entre ce pays et la Nouvelle-Hollande. On ne connoît encore que très-imparfaitement la Nouvelle-Guinée, le capitaine Forest qui nous a procuré le plus de lumierès sur cette grande île, n'ayant visité que le hâvre de Dory, situé dans sa partié septentrionale (1).

Les habitans de cette partie qu'on nomme Papous, et qui ont donné le nom au pays, sont noirs. Forest leur donne des cheveux laineux comme ceux des nègres; mais probablement, comme dans la Nouvelle-Hollande, c'est F'effet de l'art car ce navigateur observe que dans l'intérieur il existe une race d'hommes appelés Haraforas, vivant sur les arbres et plus près de la nature que ceux des côtes. Plusieurs de ces sauvages ont les cheveux longs, parce qu'ils négligent sans doute la préparation propre à les

(1) Il paroît que Sonnerat n'a visité qu'une des petites îles voisines de la grande qu'il nomme Pulo.

rendre laineux. Avec quelque chose de la figure et de la couleur des Malais, les Papous ont en général un extérieur hideux et presqu'effrayant. Un nez plat, une bouche très-grande, les lèvres, sur-tout la supérieure, extraordinairement épaisses; le nez percé à travers lequel passent des anneaux ou des arrêtes de poisson, des défenses de sanglier pendant à leur cou, la peau souvent défigurée par des marques semblables à celles de la lèpre, tel est l'aspect qu'offrent les Papous, qui d'ailleurs sont robustes, mais très-fainéans. Les femmes, au contraire, moins difformes que les hommes, parce qu'elles ont la tête moins grande, paroissent industrieuses: elles font avec beaucoup d'adresse des nattes; elles fabriquent même des pots de terre et leur donnent la cuisson avec des broussailles et de l'herbe sèche; l'usage de la hache leur est familier. Leurs maris, ou les regardent tranquillement travailler, ou vont à la chasse du sanglier : il paroît néanmoins que la pêche aiguillonne l'industrie de ces indolens insulaires, puisque Dampierre a remarqué que leurs pirogues sont artistement construites, décorées de plusieurs ornemens, et gouvernées avec une certaine intelligence.

Les hommes sont entièrement nus, à l'exception d'une petite ceinture autour des reins. Les femmes ne sont guère plus voilées : les enfans n'ont aucune espèce de vêtemens.

Les habitations de ce peuple sont construites dans l'eau sur des pilotis: cette manière de se loger lui est communę avec les habitans de Bornéo et beaucoup d'autres insulaires de l'Asie.

On donne aux Papous la même origine qu'aux habitans des Moluques. Leur langue a quelque affinité avec celle des habitans de Bornéo et de la Nouvelle-Bretagne, qui paroît dériver elle-même du Malais. On n'a pas assez pénétré dans le pays pour s'instruire sur les opinions religieuses qu'ils peuvent avoir. Ils semblent attacher quelque intérêt aux restes de leurs ancêtres ou de leurs proches: ils leur élèvent des tombeaux construits avec le roc du corail dur, et quelquefois ils les décorent de sculptures.

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