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et écrites d'un style qui ne décèle pas un marin', qu'il y a semées sur les préjugés de l'éducation en général, le gouvernement féodal, la proportion entre les deux sexes, les effets de la polygamie, etc....: on s'arrête sur-tout avec beaucoup d'intérêt sur tout ce qu'il dit de judicieux relativement à l'influence de l'esclavage sur le caractère en général, et la différence qui se remarque dans ce même caractère entre les noirs et les blancs.

NOUVELLE-ZÉLANDE.

La découverte de ce pays, en 1642, est due à Abel Tasman, de la relation duquel j'ai donné précédemment la notice. Il se contenta de le reconnoître, sans y débarquer. Conime les naturels vinrent sur le rivage, il s'établit une communication entre eux et les gens de l'équipage du vaisseau : elle devint fatale à sept d'entre eux qui, étant descendus sans armes sur la plage, furent cruellement massacrés. Ce désastre ne permit pas de pousser plus loin la reconnoissance du pays. Tasman dépeint ses habitans d'une couleur mêlée de bleu et de jaune, avec une longue chevelure: il les trouve assez ressemblans aux Japonais.

La Nouvelle-Zélande fut presque, oubliée jusqu'en 1770, qu'elle fut visitée par Cook, dans son premier Voyage. Ce célèbre navigateur, auquel on doit tant de notions nouvelles sur les Terres Australes, fit encore ici une découverte importante: ce fut celle d'un détroit qui divise la Nouvelle-Zélande en deux grandes îles. Il estima que celle des deux qui étoit au midi, pouvoit avoir cinq cents milles de longueur sur environ cent de largeur moyenne. Celle qui étoit située au nord, égaloit presque l'autre en grandeur. L'une de ces îles lui parut plus fertile que l'autre il compare la température de toutes les deux à celle de la France. En dépeignant les naturels d'une couleur basanée, il observe qu'il y en avoit quelques-uns de blonds parmi eux. Leur taille égale celle des Européens, et assez généralement leurs traits sont réguliers et

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agréables. Leur vêtement le plus général est une robe de forme oblongue, faite d'un lin très-précieux par sa belle apparence soyeuse et par la hauteur à laquelle il s'élève (1). Ils portent aux oreilles de petits morceaux de sad vert (2) ou des chapelets : ils ont le visage barbouillé de rouge.

Dans son dernier Voyage, Cook se procura des renseignemens plus étendus sur celle des îles qui est située au midi. Il constata qu'elle étoit affligée par de fréquens ouragans d'une grande violence, et dont la direction changeoit continuellement, à cause de la hauteur des montagnes sur lesquelles se rassembloient les vapeurs. Le peuple paroît divisé en différentes tribus qui se font une guerre d'extermination. C'est ce que Cook put inférer des supplications ardentes que l'une d'entre elles lui fit, de l'aider à exterminer ses ennemis. Dans le sein même de chaque tribu, les inimitiés particulières entraînent des vengeances implacables que les naturels étendent jusqu'après la mort de leurs ennemis; car ils sont dans cette opinion révoltante, que l'ame d'un homme dévoré par son ennemi, est dévouée à un feu éternel. On voit par-là que ce peuple est anthropophage; mais il l'est d'une manière plus atroce peutêtre qu'aucune autre nation sauvage : car il prend un plaisir barbare à couper par morceaux, à griller, à dévorer les corps encore palpitans de ses ennemis. La férocité dans les combats s'annonce par les grimaces les plus affreuses. Les armes dont il s'y sert sont des lances, des javelines et une espèce de massue. Il célèbre ses propres victoires, et conserve le souvenir des faits mémorables de ses ancêtres par des chansons, où il s'accompagne avec des flûtes gros

sières.

(1) Quoique la Nouvelle-Zélande, où prospère ce lin, ait à-peu-près la même température que les départemens méridionaux de la France, les essais de la culture de ce lin n'y ont pas réussi jusqu'à présent; mais on ne désespère pas de l'y acclimater.

(2) Ce sad vert se trouve aussi en Europe, particulièrement en Corse et en Piémont. De ce minéral précieux, on fail des tables et d'autres ouvrages d'un grand prix.

Plus féroces que les habitans de la Nouvelle-Hollande, ceux de la Nouvelle-Zélande sont plus industrieux qu'eux; leurs habitations sont construites avec beaucoup plus d'art: ils en mettent aussi davantage dans la construction de leurs canots, qui sont assez ordinairement ornés d'une tête artistement ciselée, dont la figure exprime la rage. Ainsi, dans les chefs-d'oeuvre même de leur industrie, perce leur naturel barbare.

Tels sont les principaux faits qu'a rassemblés Cook sur le peuple de la Nouvelle-Zélande : nous en devons de plus récens à Collins qui les a recueillis dans les manuscrits de King, gouverneur de la colonie de la Nouvelle-Galles, et qui les a placés à la suite de son intéressante relation. King les avoit obtenus principalement de deux naturels de la Nouvelle-Zélande, transportés à l'île de Norfolk. L'un d'eux dessina grossièrement une carte de son pays, que Collins a publiée. D'après son rapport, l'île située au nordest est divisée en huit districts, respectivement gouvernés par des chefs et par d'autres qui leur sont subordonnés. Des divers degrés de subordination, résultent l'inégalité des rangs, et la distinction entre le peuple proprement dit, les officiers, les chefs et les prêtres, dont l'autorité balance celle des chefs, si même elle ne lui est pas supérieure.

En même temps que les indigènes de la NouvelleZélande ont des prêtres, il ne paroît pas qu'ils aient des temples publics. Leur religion s'annonce principalement dans l'opinion qu'ils ont de l'état de l'ame après sa séparation du corps. Ils croient que le troisième jour après l'enterrement du mort, l'ame se sépare du corps, et que telle séparation est annoncée par une légère brise de vent qui donne avis de son approche à une divinité inférieure et bienfaisante, qui se penche sur la tombe et l'enlève dans les nuages, tandis qu'un esprit malin se hâte d'emporter la partie impure du corps qu'elle précipite dans

la mer.

Le suicide est très communément pratiqué chez les habitans de la Nouvelle-Zélande. Ils se pendent dans un

premier mouvement d'humeur. A cet excès de violence, se porte, par exemple, une femme qui aura été battue par son mari. Les deux naturels transportés dans l'île de Norfolk menacèrent plus d'une fois de mettre fin à leur existence, si on ne les renvoyoit point dans leur pays. Ce peuple ne connoît d'autre division du temps, que les changemens de lune, dont il tient état jusqu'à cent. C'est de cette manière qu'il compte son âge et qu'il calcule tous les événemens.

TERRE OU ISLE DE DIÉMEN ET CAP DE DIÉMEN.

C'est encore à Abel Tasman qu'on doit la découverte de cette île, à laquelle il donna le nom du gouverneur général des Indes orientales. Cette île forme un cadre oblong d'environ deux cent cinquante milles de longueur, sur la moitié en largeur; elle est séparée de la NouvelleHollande par un détroit de plus de trente lieues d'étendue, appelé le détroit de Bass, du nom du navigateur qui, conjointement avec le capitaine Flanders, en reconnut l'existence, ainsi qu'on l'a vu dans l'intitulé de la relation de Collins. Il ne faut pas confondre cette terre, ou plutôt cette île de Diemen, avec le cap de Diémen, situé au nord de la Nouvelle-Hollande, et auquel on a aussi imposé ce nom.

Dans son dernier voyage, en 1777, Cook, pour faire du bois et de l'eau, et faire paître des animaux qu'il avoit à bord, visita cette terre ou île de Diémen. Les naturels qu'on rencontra étoient entièrement nus, et d'une taille moyenne, avec des cheveux aussi laineux que ceux des nègres d'Afrique: ils avoient des traits plus agréables. Leurs cheveux, leur barbe, leur visage, étoient barbouillés de rouge. Ils paroissoient préférer les oiseaux à toute autre nourriture; et parmi le petit nombre de quadrupèdes que renferme leur pays, celui qu'ils recherchoient le plus pour aliment, éloit le kangouroo, parce

qu'en marchant sur les deux jambes, il ressemble à un

oiseau.

Le pays est très-varié: on y trouve des montagnes, des bois, des vallées, par-tout une agréable verdure. M. de la Billardière, dans le Voyage à la recherche de La Peyrouse, nous a donné sur ce pays, qu'il a aussi visité, des notions intéressantes, sur-tout sur sa géologie et sa botanique.

Il est remarquable que principalement cette partie de la Nouvelle-Hollande ne fournit aucune plante alimentaire, quoiqu'elle soit ombragée de grands et magnifiques arbres. Le seul végétal dont les habitans fassent usage pour leur nourriture, c'est la racine sèche et insipide de diverses bruyères.

Ce qui distingue aussi les naturels de ce pays de presque tous les autres Sauvages, c'est que, réduits pour leur subsistance à la pêche, ils ont la lâcheté de charger leurs femmes de la pénible occupation de plonger dans l'océan, pour y ramasser, au milieu d'un dédale de plantes marines, au risque d'être dévorées par des réquins, des crustacées et des coquillages qu'elles rapportent successivement dans des paniers à leurs maris, qui les attendent tranquillement auprès du feu. Ce traitement barbare ne les empêche de se montrer des épouses fidelles et de bonnes mères. Nous n'avons de relations particulières à la Terre de Diémen que la suivante :

pas

OBSERVATIONS sur la Terre de Diémen (en anglais). Londres, 1801, in-8°.

On recueillera sur cette Terre, des notions plus sûres et plus étendues dans le Voyage suivant :

VOYAGE et Découvertes aux Terres Australes, exécuté par ordre de S. M. l'empereur Napoléon, roi d'Italie, sur les corvettes le Géographe, le Natu→→ raliste, et la goëlette le Casuarina, pendant les années 1800, 1801, 1802, 1803 et 1804; publié par décret de l'Empereur, et rédigé par M. F. Péron,

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