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on ne s'occupe plus que d'assemblées, de visites, de parties de musique, de festins, de danses, de jeux et de courses dans des traîneaux avec lesquels un seul cheval fait faire jusqu'à quatre-vingts lieues en un jour. Audehors, on se garantit du froid avec les fourrures; dans l'intérieur des maisons, pár des poëles placés au rez-dechaussée, dont les tuyaux se distribuent dans les appartemens supérieurs, et par l'exacte clôture des portes et des fenêtres, revêtues de peaux en-dedans et en-dehors. Les chevaux résistent au froid le plus rigoureux: on les laisse souvent plusieurs heures aux portes des maisons sans même les couvrir (1).

Le dégel arrive presque subitement vers la fin d'avril ou au commencement de mai; mais les glaces restent longtemps dans les rivières sans s'y dissoudre. Le brisement de celles du fleuve de Saint-Laurent s'annonce par un bruit semblable à celui du canon. La fonte des neiges grossissant les eaux, il se forme des montagnes de glace qui ne s'affaissent qu'insensiblement, et qui obstruent la navigation long-temps après que les vestiges du froid ont disparu sur ses côtes. Aussi-tôt après le dégel, la végétation commence, et la rapidité de ses progrès tient du prodige. Les chaleurs de l'été suivent de très-près les apparences du printemps. En peu de jours, et comme par un effet magique, la plus riche verdure orne les clamps, les arbres sont converts d'un épais feuillage, les plantes potagères se succèdent en abondance, et le grain, semé au mois de mai, se récolte à la fin de juillet. On ne connoît point au Canada, comme dans les Etats-Unis, les variations brusques de température: l'automne y est très-agréable, mais on observe une différence de trois semaines entre Québec et Mont-Réal, pour la succession des saisons.

Pour aller de Québec à Mont-Réal, M. Weld dut éprouver plus de difficultés à remonter le fleuve qu'il n'en avoit

(1) On a pu remarquer la même chose à Pétersbourg et å

Moscou..

trouvé pour le descendre: elles résultent sur-tout des rapides courans que forment une multitude de petites îles; les bateliers canadiens les franchissent avec une force et une adresse extraordinaires, à l'aide de crochets, de rames et de voiles. Dans sa route, il fit quelques observations sur le fleuve de Saint-Laurent. Ce fleuve prend son origine dans d'immenses lacs, tels que le lac Ontario, le lac Erié, le lac Supérieur, alimentés eux-mêmes par le grand nombre de rivières qui s'y déchargent. Si le volume d'eau que ces eaux lui fournissent, ne le rend pas tout-à-fait aussi considérable que le Mississipi, il l'emporte d'ailleurs sur ce dernier fleuve par son embouchure libre et facile après la fonte des glaces, tandis que celle du Mississipi est obstruée dans toutes les saisons par une quantité de petites îles.

Dans le Haut-Canada, le cuivre est extrêmement commun le fer, sans y être abondant, n'y manque pas. Il seroit bien intéressant pour la colonie d'en exploiter avec intelligence les mines, et d'encourager aussi la culture du chanvre: on diminueroit ainsi les frais énormes d'équipement des navires, pour lesquels il faut tout tirer de la Grande-Bretagne.

En regagnant par le Haut - Canada les Etats-Unis, M. Weld se proposoit sur-tout de visiter la fameuse cataracte de Niagara. Avant de s'y transporter, il voulut connoître la ville de ce nom, capitale du Haut-Canada. L'accroissement rapide qu'avoit pris la population de cette ville l'étonna singulièrement. Cet accroissement est dû aux émigrations des Anglo-Américains, qui affluent dans le Canada pour y trouver des terres à bon prix. Il est d'autant plus extraordinaire néanmoins, que non-seulement la ville de Niagara, mais ses environs, mais tout le HautCanada, sont affligés, dans les deux derniers mois de l'été, par des fièvres intermittentes et continues, et par une fièvre maligne de la plus fàcheuse espèce, qui moissonne beaucoup d'habitans. La saison en étoit presque passée, lorsque M. Weld arriva dans le pays; il put donc,

avec toute sécurité, visiter la cataracte, la plus étonnante merveille, en ce genre, qu'offrent les deux mondes. Il faudroit copier en entier l'excellente description qu'il en a faite, pour en donner une juste idée. Je me contenterai d'observer qu'en se précipitant, la rivière ne forme pas une nappe unique, mais qu'elle est partagée par trois fles en trois cataractes bien distinctes les unes des autres. La plus considérable, qu'on appelle la cataracte, du Fer à cheval, parce qu'elle en a un peu la forme, n'a que cent quarante-deux pieds de chute, tandis que celle des deux autres est de cent soixante; mais elle n'en a pas moins la prééminence, tant par sa largeur que par sa rapidité, qui excèdent beaucoup celle des deux cataractes qui ont plus de chute. La largeur totale du précipice ou de l'abime que présente l'ensemble des trois cataractes, et auquel on a donné le nom de Saut de la rivière de Niagara, est de treize cent trente-cinq pas; et l'on estime à six cent soixante et dix mille deux cent cinquante-cinq tonneaux, la quantité d'eau que versent par minute les trois cataractes.

La relation de la route tenue par M. Weld, pour se transporter du Haut-Canada aux Etats-Unis, par un autre chemin que celui qu'il avoit pris pour arriver dans la même contrée, offre des détails assez curieux; mais en général, elle est beaucoup plus historique qu'elle n'est descriptive.

S. IV. Descriptions des Etats-Unis en général. Voyages faits dans différentes parties de ces Etats à la fois.

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HISTOIRE générale de la Virginie, de la Nouvelle - Angleterre, et de plusieurs îles, avec les noms des aventuriers, planteurs et des gouverneurs, depuis l'année 1584 jusqu'à la présente année 1626; avec les opérations de ces différentes

colonies, les événemens qui y sont arrivés lors de leur découverte, et les voyages qui y ont été faits; cartes et descriptions de ces régions, leur commerce, peuples, gouvernement, usages et religion, autant qu'on a pu en apprendre jusqu'à présent; par Jean Smith: (en anglais) The general History of Virginia, New-England, and the some isles; with the name of the adventurers, planters or governors from their beginning, anno 1584 to the present 1626; with the proceedings of those several colonies, and the accident that befell them in all their voyages and discoveries; also the descriptions of all those countries, their commodities, people, government, colonies and religion yet known; by John Smith. Londres, 1627; ibid. 1632, in-fol.

DÉTAILS sur le malheureux voyage de quelques Pélerins allemands qui alloient dans la Pensylvanie et la Caroline (en allemand) Ausführliche Beschreibung der unglüklichen Reise einiger aus Teutschland nach dem Engelländischen in America gelegenen Carolina und Pensylvania wallenden Pilgrimme. Francfort, 1706; ibid. 1711, in-8°.

HISTOIRE des Colonies anglaises dans l'Amérique septentrionale, de leurs établissemens et de leurs progrès (en anglais). Londres, Nicholson, 1708, 2 vol. in-8°.

ABRÉGÉ historique et politique des commencemens, du progrès, des améliorations et de l'état actuel des Etablissemens anglais dans le nord de l'Amérique, par François Douglas: (en anglais) Summary historical and political of the forst planting

progressive, improvement and present state of the british settlements in North-America, by Franc. Douglas. Londres, 1755, 2 vol. in-8°.

HISTOIRE et commerce des Colonies anglaises dans l'Amérique septentrionale, où l'on trouve l'état actuel de la population, et des détails curieux sur la constitution de leur gouvernement, principalement sur celui de la Nouvelle-Angleterre, de la Pensylvanie, de la Caroline et de la Georgie, par (M. Butel-Dumont). Londres (Paris), 1755, in-12.

LE VOYAGEUR américain, ou Observations sur l'état présent, la culture, le commerce des Colonies britanniques en Amérique: (en anglais) The American Traveller, or Observations of the present state, culture and commerce of the british colonies in America. Londres, 1769, in-4°.

Cet ouvrage a été traduit en frauçais avec des augmentations, et a paru sous le titre suivant :

LE VOYAGEUR américain, ou Observations sur les Colonies britanniques en Amérique, traduit de l'anglais, augmenté d'un Précis sur l'Amérique septentrionale et la république des Etats-Unis, par M. (Mandrillon), avec des cartes. Amsterdam, Schuring, 1783, 3 vol. in-8°.

Ce fut pour répondre au voeu du fameux comte Chatham qu'un négociant anglais, très-éclairé, publia ces observations, des exemplaires desquels la cour d'Angleterre, intéressée à tenir secrète une partie des opérations de la métropole avec ses colonies, empêcha autant qu'elle put, la dissémination.

PRÉCIS de l'état actuel des Colonies anglaises

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