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aussi à son état physique et à son histoire naturelle. C'est un des guides les plus sûrs auquel puissent s'attacher ceux qui se proposent d'aller former des établissemens aux Etats-Unis. Il ne se borne pas en effet à conduire le lecteur dans l'intérieur du pays et des familles, il le fait pénétrer encore dans les parties les plus reculées des EtatsUnis, et jusque dans le Canada, dont il fait une description rapide, mais satisfaisante sous plusieurs rapports.

L'auteur, au surplus, apprécie avec une rare modestie l'avantage qu'on peut retirer de sa relation.

« Les Etats-Unis, dit-il, sont peut-être la partie du monde entier qu'il est le plus difficile de faire connoître » à ceux qui n'y voyagent pas par eux-mêmes. C'est un » pays tout en croissance : ce qui est vrai aujourd'hui pour » sa population, ses établissemens, ses prix, son còm> merce, ne l'étoit pas il y a six mois, et ne le sera plus » six mois plus tard. C'est un jeune homme sortant de

l'enfance pour entrer dans l'âge de la puberté, dont » les traits ne seront plus, dans une année, semblables » au portrait fidèle que l'on vient d'en faire. Les rensei» gnemens qu'à l'époque présente, et pendant bien des >> années encore, un voyageur peut et pourra consigner » avec le plus de soin, ne sont, ne seront que des points » de souvenir, que des moyens de comparaison pour les > années futures; et dans ce sens, ces renseignemens me semblent loin d'être sans utilité ».

COUP-D'EIL sur les Etats-Unis d'Amérique, par Coxe: (en anglais) View of the United-States of America, by Coxe. Londres, 1800, in-8°.

VOYAGE dans la Haute-Pensylvanie et dans l'Etat de New-Yorck, par un membre adoptif de la nation d'Onéïda, traduit et publié par l'auteur des Lettres d'un Cultivateur américain (John de Crevecoeur) enrichi de trois cartes et de sept planches. Paris, Maradan, an IX-1801, 3 vol. in-8°.

Ce Voyage peut être regardé comme une suite des Lettres d'un Cultivateur américain, quoique M. de Crevecœur, à l'aide d'un prétendu naufrage, d'où l'on a eu de la peine, dit-il, à sauver le manuscrit qu'il publie, ne s'annonce que comme le traducteur de la nouvelle relation.

Les situations des personnages qu'il met en scène, ont le même charme; les tableaux qu'il trace de la nature sauvage sont aussi riches; l'intérêt qu'il inspire pour un peuple qui vient de briser ses fers, est aussi vif.

Mais ce qui distingue sur-tout ce Voyage, ce sont des détails précieux sur l'état des peuples indigènes de cette partie de l'Amérique septentrionale avant l'arrivée des Européens, sur les causes de leur dépérissement et de leur foiblesse actuelle, sur la nature du climat où les établissemens progressifs des Européens les ont confinés, enfin sur la révolution importante que ces progrès-là même ont opérée dans les immenses contrées attenantes aux EtatsUnis.

Aucun voyageur n'a si bien décrit ces assemblées géné– rales ou conseils que tiennent les Sauvages, pour délibérer sur leurs intérêts politiques. L'auteur, qui y a assisté, rapporte quelques-uns des discours qu'ils y prononcèrent; et l'on y admire une éloquence agreste et sublime comme la nature.

VOYAGES dans les Etats-Unis de l'Amérique, fait pendant les années 1793 à 1797, par Guillaume Priest, accompagné du Journal de l'auteur sur l'océan Atlantique : (en anglais) Travels in the United-States of America, by William Priest, etc........ Londres, Jansen, 1801, in-8°.

TABLEAU du climat et du sol des Etats-Unis d'Amérique, suivi d'éclaircissemens sur la Floride, sur la colonie française au Scioto, sur quelques colonies canadiennes et sur les Sauvages, par C. F.

Volney; ouvrage enrichi de quatre planches gravées, dont deux cartes géographiques, et une coupe figurée de la chute de Niagara. Paris, Courcier et Dentu, an XII-1803, 2 vol. in-8°.

Cette relation est le fruit de trois ans de séjour dans les Etats-Unis. En donnant d'une manière très-abrégée le tableau de la situation géographique des Etats-Unis, l'auteur représente ce pays comme une forêt presque universelle, divisée en trois grandes régions par des chaînes de montagnes, dont il détermine l'élévation extrême et moyenne. Il indique aussi la structure intérieure du sol, et caractérise les pierres et les roches fondamentales qui occupent diverses régions. Après avoir parlé des anciens lacs qui ont disparu, il se livre à des conjectures très-ingénieuses sur l'ancien état du pays. La description qu'il donne de la fameuse chute de Niagara n'est pas, à beaucoup près, aussi détaillée que celle de Weld, mais elie est néanmoins suffisante pour en faire prendre une juste idée. Les tremblemens de terre, au nombre de plus de quarante-cinq qui ont eu lieu depuis 1628, époque de la première arrivée des Anglais dans la partie de l'Amérique septentrionale qui forme aujourd'hui les Etats-Unis, portent l'auteur à croire qu'ils ont dû être aussi violens que fréquens dans les temps anciens ; et le grand nombre de lacs que renferme le sol des Etats-Unis, lui paroissent être autant de cratères de volcans éteints.

En s'occupant du climat des Etats-Unis, l'auteur le compare avec celui de l'Europe aux mêmes latitudes, quant aux vents, à la quantité de pluie, à l'évaporation et à l'électricité. La conclusion générale qu'il tire d'une foule d'observations particulières qu'il a faites dans les divers Etats-Unis, c'est que la température de ce climat est infiniment plus variable que celle des régions de l'Europe situées sous les mêmes parallèles : il fait remarquer soigneusement les changemens remarquables qui s'y sont succesiyement opérés par les abattis de bois et les défrichemens.

C'est un service signalé que l'auteur a rendu à ceux qui se proposent de former des établissemens aux Etats-Unis, d'être entré, comme il l'a fait, dans un grand détail sur les maladies dominantes de ce pays, et particulièrement sur la fièvre jaune, le plus terrible fléau de ces climats. Les connoissances que lui avoient procurées d'anciennes études en médecine, lui ont donné la facilité de traiter ce sujet d'une manière bien plus instructive que ne l'auroit fait un voyageur dépourvu de ces connoissances. La digression qu'il s'est permise sur les vents de la Suède et de la Norwège, n'est rien moins qu'étrangère à son sujet; elle s'y rattache au contraire essentiellement.

Le tableau que l'auteur trace de la misérable situation des colons français sur le Scioto, l'Ohio, l'Ouahache, n'est pas propre à encourager les émigrans de France à se transporter inconsidérément aux Etats-Unis. Il explique d'une manière très-plausible le dépérissement général des établissemens français sur les frontières de la Louisiane et du Canada, tandis que ceux des Anglo-Américains prospèrent et s'accroissent. Il trouve les véritables raisons de la différence de succès des entreprises formées par des individus de l'une ou de l'autre nation, dans celle des moyens d'exécution et d'emploi du temps, c'est-à-dire, dans ce qu'on appelle le caractère national. Chez le Français, dit-il, c'est une activité pétulante qui ne tient comple ni des frais, ni des obstacles: chez le colon américain, de sang anglais ou allemand, c'est une ténacité phlegmatique qui calcule à tête reposée, et qui s'occupe sans vivacité, mais sans relâche, de tout ce qui tend à la création de l'établissement, et qui, sans s'arrêter, marche d'un pas ferme à son perfectionnement.

Ce fut au poste Vincennes que l'auteur eut occasion d'observer les Sauvages, qu'il y trouva rassemblés pour y vendre le produit de leur chasse rouge (1). On portoit leur

(1) Les Sauvages appellent peau rouge celle du daim, dont la chasse a lieu en juillet et en août.

nombre à quatre ou cinq cents têtes de tout âge, de tout sexe, et de diverses nations ou tribus. C'étoit la première fois qu'il voyoit à loisir cette espèce d'hommes, déjà devenue rare à l'est des monts Alleguanys ou Alleghanys (1). Ici l'auteur fait un portrait bizarre, mais très-fidèle, de la configuration physique des Sauvages, de leur habillement ordinaire, de leur parure dans les jours de fête. Il ajoute qu'en traçant l'esquisse de ce tableau, il le montre du beau côté ; car pour le voir tout entier, il faut se figurer que dès le matin, hommes et femmes vaguoient dans les rues uniquement pour se procurer de l'eau-de-vie; que vendant d'abord le produit de leur chasse, puis leurs bijoux, puis leurs vêtemens, ils ne cessoient de boire jusqu'à perte absolue de leurs facultés. Dans les traits difformes de cette peinture, l'auteur fait entrer toutes les scènes burlesques, dégoûtantes, fâcheuses, qu'offrent en Europe les ivrognes les plus crapuleux. Il ne sórtoit pas le matin, dit-il, sans trouver ces Sauvages par douzaines vautrés, au sens propre, avec les porcs. Heureux encore s'il n'étoit pas spectateur de batteries à coups de couteau ou de cassetête, qui, année commune, produisent dix meurtres. A vingt pas de lui, un Sauvage poignarda sa femme à coups de couteau. Quinze jours auparavant, pareil meurtre avoit eu lieu, et cinq semblables l'année précédente. De-là des vengeances immédiates ou dissimulées des parens et de la famille, causes renaissantes d'assassinats et de guet-apens.

Tel est l'un des inconvéniens de la vie sauvage; mais l'auteur auroit pu observer que c'est sur les Européens qu'on peut en rejeter tout le blâme, puisque ce sont les liqueurs spiritueuses, dont ils ont introduit l'usage chez les naturels de l'Amérique, qui sont la source principale de ces éxcès.

L'auteur convient que c'est avec raison qu'on vante la

(1) C'est ce dernier nom que M. Michaux, comme on le verra, donne à ces montagues.

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