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« Vous prendrez tous vos couteaux, quand le miel en aura découlé ; vous les mettrez dans un grand chaudron de fer (1), où vous aurez fait tiédir de l'eau bien nette; (l'eau de fontaine ou de rivière sont les meilleures.) Vous retournerez bien tous ces couteaux dans votre chaudron, avec les mains nettes ou avec un morceau de bois. Vous les y laisserez l'espace d'une heure, ou environ. »

<< Alors vous mettrez dans cette liqueur un œuf frais (2); s'il surnage, il y a assez de miel; s'il va au fond, il faut remettre encore des couteaux, ou du miel; mais la prudence demande qu'on ne mette que peu d'eau d'abord, pour en remettre ensuite, s'il n'y en a pas assez. Il faut, pour bien faire, , que l'œuf surnage entre deux eaux, ensorte qu'on n'en aperçoive que la largeur d'environ une pièce de 12 sols. »

(1) M. Pingeron veut qu'on se serve d'une chaudière de cuivre; M. Ducarne la préfère au fer; et cette dernière doit l'emporter par la raison alléguée dans la note page 122.

(2) M. Pingeron propose de faire l'essai de cet œuf, apres que le miel a bouilli; M. Ducarne veut qu'on le fasse auparavant. Je crois que la pratique de cé

« Alors vous passez le tout au travers d'un linge blanc ou d'un fin tamis. Vous mettrez ensuite votre chaudron sur un feu clair, et y ferez bouillir la liqueur à petit feu. Dès qu'elle voudra commencer à bouillir, vous l'écumerez et vous diminuerez le feu, sans quoi toute la liqueur sortiroit du chaudron. Vous mettrez l'écume dans un plat : vos enfans en feront des tartines, et cela leur servira de médecine. »

« Vous continuerez à faire bouillir à petit feu, et en écumant de temps à autre, jusqu'à la réduction de près d'un tiers; c'est-à-dire que si vous avez mis quinze livres de liqueur dans le chaudron, vous en laisserez consommer cinq livres, et vous l'ôterez du feu pour la verser dans un vaisseau de bois bien net. »

<«< Il y en a qui font passer encore alors cette

dernier est celle qu'il faut suivre; d'autant plus qu'il nous assigne le temps qu'il faut faire bouillir la liqueur, c'est-à-dire jusqu'à réduction de presque un tiers. Dans le Levant, on se sert aussi d'un œuf, lorsqu'on veut connoître si la saumure est au point qu'il faut pour y mettre des olives, ou autre chose semblable; lorsque l'œuf va au fond, la saumure n'a pas la force convenable, et on y met du sel jusqu'à ce que l'œuf surnage.

liqueur au travers d'un linge; mais vous pouvez absolument vous en dispenser et l'entonner tout de suite, ou attendre pour le faire, qu'elle soit réfroidie; cela fait, vous placerez votre tonneau dans un endroit chaud. Vous en laisserez le bondon découvert, et vous remplirez le tonneau à mesure qu'en bouillant il se désemplira. Pour cela, vous aurez eu soin d'emplir de cette liqueur quatre ou cinq trèspetites bouteilles qui vous serviront à le remplir à mesure. Chacune de ces bouteilles doit être d'une demi-chopine, et servir seulement pour remplir deux ou trois fois. Cette attention est nécessaire pour empêcher la liqueur de s'y corrompre, ce qui arriveroit, si une bouteille étoit trop grande et pouvoit servir pendant huit jours. »

« Avec la bouteille destinée à remplir le tonneau, vous remplirez aussi tous les jours les autres petites bouteilles. Enfin douze ou quinze jours après avoir mis votre tonneau à la cave, ou dans un endroit chaud, vous le boucherez légèrement, en enfonçant le bondon tous les jours de plus en plus, jusqu'à ce qu'il bouche parfaitement. Trois mois après, vous pouvez boire de cet hydromel, qui peut se conserver. pendant

pendant deux ans : prenez garde sur-tout que le tonneau n'ait point de goût; rien n'est plus sujet à en prendre que cette liqueur.

De toutes ces manières de faire l'hydromel, chacun pourra choisir celle qui lui paroîtra la meilleure.

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DE la propolis; de la molividhe ou poussière des étamines; de l'eau que les abeilles rapportent dans la ruche, et de l'usage qu'elles en font.

LORSQUE les abeilles s'établissent dans une ruche, leur premier soin est d'en boucher toutes les ouvertures, avec une matière gluante, tenace, molle d'abord, mais qui durcit ensuite, et à laquelle on a donné le nom de propolis (1). Sa couleur est brune ou noirâtre, quel

(1) Propolis, mot composé du zgós, qui veut dire antè, ou devant, et xoais, civitas, ville comme qui diroit antè civitatem, devant la ville, parce que c'est avec cette matière que les abeilles bouchent tous les devans de leur ruche, qui est comme une espèce de ville, Tome III.

I

quefois même d'un brun rougeâtre. Celle qu'on trouve dans les ruches offre encore d'autres variétés : elle répand quelquefois une odeur aromatique très-agréable, quand elle est échauffée, sur-tout la bonne odeur de la propolis, elle pourroit être mise alors au rang des meilleurs parfums (1).

On croit que c'est sur les peupliers, les bouleaux, les sapins, les ifs, les saules, qu'elles en font la récolte. Cependant M. de Réaumur, cet infatigable observateur n'a pu les découvrir occupées à cette récolte, et il a vu les abeilles employer la propolis dans des pays où il n'y avoit aucun de ces arbres : c'est une découverte qui reste à faire, dit M. de Bomare (2).

(1) Tout ce que dit ici M. de Bomare, et que d'autres Auteurs confirment, sur la bonne odeur de la propolis, me fait espérer qu'en laissant vieillir les rayons dans une ruche, on parviendra, après une dixaine d'années, à avoir de l'excellente cire pour préparer les ruches comme on le pratique à Syra; et non-seulement pour y retenir les essaims, mais encore pour attirer les fuyards. Voyez les Chap. 10 et 11 du 2o. livre.

(2) Dans l'île de Syra on voit continuellement les abeilles sur les lentisques qui fournissent le bon mastic de Scio, et sur les cyprès sauvages qui sont des arbres

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