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dit, on laisse à la porte toutes les abeilles de la ruche qui s'y trouvent alors, et que si vous emportez la ruche ensuite, elles ne pourront plus y rentrer. Et puis celles des étrangères qu'on y renferme, qu'y feroient-elles? Feront-elles bon ménage avec celles de la maison? >>

«

Quand, à ces dernières, les abeilles en auront fait bonne et prompte justice, si elles se sont trouvées en assez grand nombre pour être les plus fortes; et pour ne point perdre celles de la ruche qui étoient dehors, quand on l'a bouchée, on laisse cette ruche à sa place, jusqu'à ce que les étrangères se soient toutes dissipées, et alors vous débouchez l'entrée, et y laissez reve nir toutes celles de la ruche qui n'auront, pendant tout ce temps, cessé de tourner autour de leur ruche.»

« J'oubliois d'avertir que quand on ôte cette ruche de sa place, pour la porter ailleurs, il faut toujours remettre à la même place une ruche vide ou pleine de cire, si on en a, pour amuser les pillardes qui reviendront le lendemain, et les empêcher de se jeter sur quelque autre ruche qui ne seroit pas en état de leur résister; car quand une fois elles ont goûté du pillage, elles ne veulent plus faire autre chose, et le

rucher le mieux fourni se dépeupleroit insensiblement. »

<< Si vous n'aviez point de ruche où il fût resté de couteaux de cire, il faudroit y en mettre quelques-uns que vous poseriez sous la ruche. Cette cire les amuse, et n'y trouvant rien, après avoir cherché et tourné beaucoup, elles s'en vont les unes après les autres, et n'y reviennent plus.

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« Une attention encore utile pour prévenir le pillage, est de se procurer de l'ombre à l'entrée des ruches foibles, en sorte que l'entrée de ces ruches soit continuellement à l'ombre; parce que la chaleur du soleil anime et rend plus vigoureuses celles qui viennent pour les piller. Le grand jour y fait peut-être aussi quelque chose. C'est une expérience que j'ai faite plusieurs fois et qui m'a réussi. »

<< Enfin tout cela est bon pour remédier au pillage, même avancé; mais tout cela n'est point sûr, et quand vous aurez une ruche où le pillage sera bien avancé, regardez la comme perdue; car malgré tous mes soins, j'en ai peu sauvé. Heureusement que cet accident n'est sur-tout à craindre que pour les ruches foibles, qui seroient probablement bien péries sans cela: une ruche forte et bienpeuplée ne craint guères le pillage. >> << M. Ducarne

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M. Ducarne finit cet article par un avertissement qu'il donne à son voisin qui cherche às'instruire : « c'est-à-dire que comme le pillage n'arrive guères dans un rucher, que par la mauvaise façon de nourrir celles qui sont foibles, vous serez peu exposé à cet accident à l'avenir, si vous suivez ce que je vous ai dit et ce que je vous dirai encore sur la vraie façon de leur donner de la nourriture ».

Comme notre méthode de fournir de la nourriture à nos abeilles à Syra, est d'une exécution plus aisée et plus commode que par-tout ailleurs, et même que celle qu'indique M. Ducarne, il s'ensuit que pour éviter le pillage, il n'y a pas de moyen plus propre que de se servir de ruches construites suivant notre forme, et dé les gouverner selon les principes que j'ai exposés jusqu'ici, et que je pourrai donner encore dans le peu que j'aurai à dire sur l'économie des abeilles.

Du reste, comme je l'ai déjà dit, je suis trèspersuadé que la trop grande proximité où l'on tient ailleurs les ruches, est une des principales causes du pillage fréquent que les ruches les plus foibles essuient de la part des plus fortes, à leur grand détriment. Il est encore certain que les N

Tome III.

abeilles sont naturellement attirées par l'odeur du miel, spécialement lorsque la campagne ne leur fournit rien. Ainsi les ruches étant trop rapprochées les unes des autres, elles sentent plus facilement l'odeur du miel qui se trouve chez leurs voisines, principalement dans le temps que celles-ci ouvrent leurs magasins; c'est-à-dire les cellules qui contiennent le miel destiné pour leur nourriture et celle de leur couvain.

Je conseille donc à ceux qui ont de vastes terrains et de grands jardins, de former leur rucher plus spacieux que je ne l'ai proposé au chap. 6 du 2°. livre, de manière qu'ils puissent tenir leurs ruches à une certaine distance les unes des autres, autant qu'il leur sera possible. En agissant ainsi, et en exécutant tout ce que je dirai dans le chap. şuivant sur la manière de donner aux abeilles la nourriture, toutes les fois qu'elles en auront besoin, j'ai tout lieu d'espérer qu'il n'y aura pas plus de pillage, qu'il n'y en a dans notre Isle, où les abeilles ne paroissent pas plus voleuses que les hommes, puisque pendant quinze ans que j'ai cultivé des abeilles, je n'ai yu aucune ruche saccagée.

CHAPITRE II

DE la manière de fournir aux abeilles le miel dont elles manquent, tirée de M. Ducarne.

AVANT de traiter de la manière de fournir aux abeilles leur nourriture, quand elles en manquent dans les ruches construites suivant la nouvelle forme, j'ai cru devoir rapporter ce que dit M. Ducarne sur cet objet dans son vingt-septième traité. Ce passage servira d'instruction à ceux qui n'ayant pas son ouvrage sous les yeux, voudront suivre l'ancienne méthode pour conduire leurs abeilles, et il fera mieux connoître les avantages de tout genre de la nouvelle pratique que je propose. Pour éviter en mêmetemps le long détail de M. Ducarne, je l'abrégerai autant que je le pourrai, et ne prendrai que ce qui sera d'une utilité absolue.

«

Quand vous aurez donc, dit M. Ducarne à son voisin, quelque ruche à laquelle yous serez obligé de fournir une quantité de

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