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ce qui n'arrive point dans ma méthode, ou ne peut y arriver qu'une fois.

Enfin je dois premièrement ajouter pour ce qui regarde la nourriture des abeilles, qu'autant qu'il sera possible, on ne doit pas attendre à leur fournir de la nourriture qu'elles en manquent totalement ; et qu'on doit toujours le faire quinze jours ou trois semaines avant le moment. où on prévoit qu'elle pourroit leur manquer, parce qu'alors elles pourroient se trouver si affoiblies, qu'elles n'auroient plus la force de descendre au bas de la ruche pour aller chercher cette nourriture.

De plus, au printemps, lorsque les abeilles ont sorti trois ou quatre fois au lieu de vingt, on pourroit mettre avec le miel, un six ou septième d'eau, ce qui épargne la dépense. Comme alors les abeilles vont aux champs de temps à autre, l'eau ne les incommode point; c'est ce qui n'est pas le même dans l'automne, où cette composition doit rester tout l'hiver dans la ruche où elle pourroit se corrompre. C'est ce qui m'a fait vous ordonner le vin, qui par son acidité, résiste mieux à la corruption ».

M. Ducarne rapporte dans le même endroit,

les diverses manières de fournir de la nourriture aux abeilles. Comme elles ne sont point utiles et ne peuvent s'adapter à ma manière de les gouverner, j'ai cru devoir les passer sous silence.

CHAPITRE I I I.

RÉFLEXIONS diverses de M Ducarne, sur la manière de nourrir les abeilles, et leur application à ma méthode de construire les ruches.

Tout ce que l'auteur a dit à ce sujet peut être fort utile pour ceux qui suivent l'ancienne méthode, mais devient presque inutile pour la mienne. Pour s'en convaincre on peut lire les huitième et dixième chapitres du premier liv, et les huitième et neuvième du second. En adoptant ce que j'y propose, les ruches, même les plus foibles, auront rarement besoin de recevoir leur nourriture, ou ce ne sera que dans les années extrêmement mauvaises où la récolte du miel aura manqué. J'ai fait voir plus haut que pendant les froids rigoureux elles restent

tellement assoupies, qu'elles passent des semaines et des mois entiers, sans prendre le moindre aliment. En Pologne, en Suède, en Russie et autres pays du nord, les abeilles se conservent à merveille tout l'hyver, sans toucher à leurs provisions : aussi la faim n'occasionne-t-elle pas parmi elles une grande mortalité. Il n'en est pas de même en France, où le mauvais temps dure presque six mois de suite : quelques belles journées d'un beau soleil, quelques autres assez tempérées, excitent les abeilles à sortir et à prendre l'air dans l'espérance de faire un bon butin ce mouvement réveille leur appétit, et elles consomment une grande quantité de miel, et d'autres provisions. C'est-là ce qui causé leur grande mortalité, même dans les ruches les plus peuplées, et ce que nous regardons comme la cause de la décadence de cette culture dans cet empire.

Pour peu donc que les années soient mauvaises, et que les rigueurs de l'hiver se prolongent dans le printemps, les propriétaires qui suivent l'ancienne méthode, doivent ou laisser périr les abeilles en grande partie, ou s'ils veulent les conserver, sacrifier cinq ou six livres de miel pour chaque ruche; c'est une trop forte dé

pense

pense pour les cultivateurs de la campagne, sans compter la difficulté de donner cette nourriture aux mouches, et combien on expose au pillage les ruches qui sont ainsi gouvernées.

Pour remédier à tant d'inconvéniens, j'ai proposé dans les chap. 8 et 9 du second livre, une méthode simple et naturelle de gouverner les abeilles pendant l'hiver, pour les tenir dans l'assoupissement, et pour les empêcher par-là de consommer rapidement leurs provisions. Je suis convaincu qu'une de mes ruches la plus peuplée, ne consommeroit pas, pendant tout un hiver, plus de trois ou quatre livres de miel. M. Ducarne certifie qu'une des siennes en avoit à peine consommé deux livres, parce que le grand froid ayant tenu ses mouches assoupies et bien serrées les unes contre les autres, elles n'avoient pu faire une grande consommation de leurs provisions. Cela étant ainsi, en suivant la méthode nouvelle que je propose, elles n'auront besoin d'aucun secours, et elles auront assez de provisions jusqu'au temps de la récolte : il faut tout au plus un peu de miel aux ruches trop foibles, et seulement dans quelque mauvaise année.

S'il arrivoit cependant que l'on fût obligé de

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leur fournir quelque secours, malgré la construction et la disposition de nos ruches, on sauroit au moins quand elles manquent de provisions, et on pourroit leur en donner, sans les exposer au danger d'être pillées.

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Pour s'assurer si une ruche manque ou non de provisions, il y a un moyen très-simple : il consiste à prendre une petite broche en fer ou en bois, très-solide et bien pointue, de traverser avec cette broche dans la partie du devant de la ruche, les rayons dans leur milieu et dans leur partie supérieure si en retirant la petite broche on voit quelques teintures de miel, c'est un signe certain que la ruche n'en manque pas si au contraire il n'y en a point, il faut visiter la partie de derrière de la ruche, et traverser également les rayons dans la partie supérieure ; et si on trouve du miel vers le milieu, c'est que les abeilles en sont pourvues. Mais on est plus sûr encore que la ruche n'en manque pas, quand on les trouve dans la partie du devant, parce que les abeilles ayant accoutumé de remplir premièrement les rayons du fond de la ruche, et ensuite ceux du devant, elles com. mencent à consommer ceux-ci. Or, si en les visitant, on y trouve du miel, il est certain que

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