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Après ce détail sur les guêpes, et sur la manière de défendre les abeilles de leurs attaques, nous citerons M. de Bomare, qui s'exprime ainsi : « Les voyageurs disent que plusieurs de

nos îles de l'Amérique manquent d'abeilles, << parce que les guêpes y sont en si grand nom« bre, qu'elles les détruisent toutes. «

Je ne crois pas qu'il y en ait plus en Amérique qu'à Syra; et cependant, au moyen des ruches de terre cuite, nous n'en perdons pas une seule par les guêpes.

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«Dans ce pays-ci, les guêpes ne font pas <<< ordinairement un si grand ravage. Cependant « l'année de 1767 n'a été que trop favorable à « la multiplication des guêpes; aussi ces mouches ont-elles fait beaucoup de tort dans les ruches. Elles sont d'abord venues en piller quelques-unes les abeilles qui les habitoient «ont cherché à se réfugier dans d'autres ruches, « mais les anciennes habitantes leur en ont disputé l'entrée. Il s'est livré de sanglans combats, où il est péri une multitude de mouches: ainsi les guêpes ont été doublement fatales aux « abeilles. On a éprouvé aussi dans les jardins le tort que les guêpes ont fait aux fruits; ce qui confirme ce que j'ai dit ci-dessus, que les

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guêpes font beaucoup de tort chez nous aux << biens de la terre. »

« L'ennemi le plus redoutable des abeilles « dans l'hiver, ajoute M. de Bomare, est le « mulot. En une nuit d'hiver, lorsque les abeilles « sont engourdies par le froid, il est capable « de détruire la ruche la mieux peuplée. Il ne «<leur mange ordinairement que la tête et le « corselet. Feroit-il le même traitement aux «< oiseaux? Ce qu'il y a de certain, c'est qu'on << trouve quelquefois les petits de l'alouette. « commune étalés sur les bords du nid, et aux<quels il ne manquoit que la tête et le cou. « Les abeilles, principalement les vieilles, sont sujettes à avoir une espèce de pou qui est de K la grosseur d'une tête d'épingle et de couleur

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rougeâtre il s'attache sur leur corselet ; sa << trompe est propre à s'introduire dans les « écailles, mais il ne paroît pas incommoder beaucoup les mouches. Cependant, comme «< ces poux ne s'attachent qu'aux vieilles, on n'a << pas bonne idée d'une ruche dont la plupart « des mouches en sont attaquées. »

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Je pense que M. de Bomare est le seul auteur qui ait parlé des poux. A Syra, ils attaquent nos ruches foibles et mal peuplees, vieilles et jeunes;

et elles périssent bientôt, si le propriétaire ne leur donne pas de secours. Il arrive cependant, lorsque l'année est bonne, et que la ruche a· acquis de la force, qu'elle se délivre de ces insectes incommodes, et qu'elle prospère ensuite : dans le cas contraire, les cultivateurs, pour sauver leur ruche, doivent y faire entrer un petit essaim. Quand elle est ainsi renforcée, les abeilles profitent de ce nouveau secours pour s'en débarrasser entièrement. Il est constaté qu'une ruche bien peuplée parvient toujours à se délivrer de ses ennemis. Observons encore qu'elle est quelquefois tellement attaquée de ces poux, qu'on en voit jusqu'à trois ou quatre sur une seule abeille, et que la reine n'en est pas toujours exceptée. J'ai pris plaisir plus d'une fois à attendre mes mouches, lorsqu'elles entroient dans les ruches et qu'elles en sortoient, pour détacher avec une petite baguette cette vermine de leur dos. Mais avec un moyen si foible on ne peut pas beaucoup détruire de ces ennemis. Nous finirons ce chapitre par un avis que donne M. Lagrenée. <<< Il est d'une «<extrême importance, dit-il, d'écarter les pour«ceaux des jardins où sont les ruches : ces! ❝ animaux les bouleverseroient toutes; et si

c'étoit en été, ils pourroient y périr, aussi« bien que celui qui viendroit au secours de ses abeilles. Un homme de ma connoissance, à qui ce malheur arriva, eut bien de la peine à y remédier; et ce ne fut qu'au risque de sa « vie qu'il se débarrassa, ainsi que son animal << des cruelles attaques que leur livrèrent les abeilles irritées. >>

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Il faut également éloigner les chevaux et les autres animaux, et sur-tout les brebis, qui font un grand tort aux abeilles. J'ai rapporté, dans divers endroits de cet ouvrage, des faits qui prouvent combien il est important de prenAre cette précaution. On peut voir, à ce sujet, le chap. I du IIIa. livre.

CHAPITRE V.

DES Maladies des abeilles, et de la manière de les soigner, quand elles en sont attaquées.

D'APRÈS tout ce que j'ai exposé jusqu'à présent sur ce qui concerne les abeilles, on peut juger l'on a dans l'île de Syra des lumières et des

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connoissances particulières sur cette partie de l'économie rurale ; mais je dois avouer que nous nous sommes peu occupés des maladies de ces insectes, et, par conséquent, de la connoissance des remèdes qu'il faudroit y apporter. Lorsque nos ruches furent attaquées, il y a quelques années, d'une épidémie dont je parlerai dans le chapitre suivant, nous nous trouvâmes si embarrassés, que nous les vîmes presque toutes périr, sans pouvoir les sauver. Je ne ferai donc que rapporter ce que j'ai trouvé de plus sensé à ce sujet, dans les auteurs que j'ai lus, en y ajoutant quelques réflexions. M. Lagrenée croit que ces insectes sont effectivement sujets à diverses sortes de maladies; mais, comme il est très-difficile, dit-il, pour << ne pas dire impossible, de savoir quelle en est << la nature, les remèdes qui y sont propres, << ainsi que le temps et la manière de les leur appliquer avec succès, j'estime que le plus court << est, quand une ruche ne fait pas comme il faut, de la vendre ou exploiter, quand la saison << est venue, plutôt que de s'obstiner à la gar« der, et avoir le déplaisir de la voir périr à la « fin, malgré tous les soins. Au reste, les pa << niers forts auxquels je conseille de s'en tenir,

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