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et le miel, qui y a séjourné plusieurs années, et acquis un mauvais goût (1). La preuve ce que j'avance, c'est que, même dans les ruches en forme de clocher, on n'a jamais vu mourir de maladie un essaim de l'année, bien fourni de nourriture: je dis bien fourni de nourriture, parce qu'un grand nombre de ces essaims ne périssent que pour être venus trop tard, et parce qu'ils n'ont pas un temps assez favorable pour s'approvisionner. Ainsi ils sont morts de faim,

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(1) J'ai remarqué ailleurs que notre miel du Levant a plus de corps, et par conséquent il peut se conserver plusieurs années, soit dans les rayons mêmes des ruches, soit dans des vases sans s'altérer et sans perdre son goût : au contraire le miel de ces pays a moins de corps, et est chargé d'une substance aquatique. Dans un pot qui contenoit neuf à dix livres de miel, que j'avois retiré tout pur des rayons de l'année passée, je me suis aperçu, au printemps de cette année, que la couche supérieure de ce miel, d'environ deux livres, étoit presque aussi liquide que l'eau, pendant que le reste étoit tout grené. Il peut se faire que cette partie liquide soit celle qui, à la longue, altère le miel (sur-tout dans les ruches, à cause de la chaleur), et qui lui donne des qualités nuisibles à la santé des abeilles comme le dit notre

auteur.

ou ils ont été forcés de ne vivre que de cire, ce qui leur occasionne le dévoiement, et les affoiblit au point que, s'ils parviennent jusqu'à la belle saison, ils n'ont pas assez de force pour, aller chercher une nourriture plus convenable.

Mais, pour obvier à ces inconvéniens, voici les précautions dont je me sers. Avant l'hiver, je m'assure si mes paniers sont bien fournis de miel et de cire: il n'y a rien de plus facile, puisqu'il suffit pour cela de les soulever trèsdoucement. Ceux qui sont lourds, je les grille et les enduis, pour n'y plus toucher jusqu'au printemps; ceux au contraire qui sont légers, j'examine avec attention s'il y a des abeilles dedans. Quelque petit nombre qu'il y en ait, je mets dans l'intérieur de la ruche deux livres d'avoine bien propre (1); je grille et j'enduis ma

(1) Tout étrange que me semble ce moyen de sauver les ruches foibles, en leur donnant de l'avoine, sur-tout parce que notre auteur nous dit que les abeilles, à la fin de l'hiver, ne laissent que la seule paille; cependant je crois devoir suspendre mon jugement, jusqu'à ce que j'en aie moi-même tenté l'épreuve, d'autant plus qu'on m'a assuré que certain cultivateur étoit dans l'usage, pour sauver ses ruches encore foibles, faites de paille

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ruche avec beaucoup plus de précaution que les autres, de crainte que les souris n'y entrent; et je les laisse dans cet état, jusqu'à ce qu'il arrive quelque belle journée d'hiver qui me permette de les visiter. Il faut que l'air soit assez chaud pour qu'elles sortent d'elles-mêmes: comme ces jours n'arrivent guère plutôt que dans le courant de février, lorsque je vois le soleil donner en plein sur les ruches, je débouche celles que je soupçonne foibles; je détache de chacune d'elles un gâteau de cire pure, sur lequel je verse un de miel fondu avec du vin: j'en remplis les alvéoles, et je pose ce gâteau à plat dans la ruche; je renouvelle cette manière de les nourrir, autant de fois que je m'aperçois qu'elles manquent de nourriture, selon qu'il fait chaud

peu

en forme de clocher, de retirer leurs tablettes, et de les appuyer sur des tas d'avoine. On n'a pu cependant m'assurer si l'avoine qui se trouvoit sous les ruches étoit mangée par les abeilles. Lorsque j'entendis parler pour la première fois de cette particularité, je m'étois imaginé que quelque vapeur spiritueuse qui pouvoit sortir de ce tas d'avoine, soutenoit et conservoit les abeilles en bonne santé. Je tâcherai, l'hiver prochain, de faire l'expérience de notre autear.

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ou froid, et jusqu'à ce que la belle saison soit venue. Il n'est pas nécessaire de renouveler l'avoine; deux livres suffisent pour tout l'hiver : de cette manière j'ai conduit jusqu'à la belle saison, des essaims qui, en totalité, ne pesoient pas trois livres, y compris les abeilles, la cire et le miel.

Quand on est assuré que l'hiver est passé, et que les abeilles trouvent de quoi se nourrir dans la campagne, il faut ôter tout ce qui reste de l'avoine; ce qui n'est pas très-considérable, car elles ne laissent que la paille.

Les abeilles bien établies dans la ruche dont je parle, ne peuvent périr que dans le cas où elles manqueroient de nourriture, et qu'on n'y feroit point attention, parce que le miel qu'elles mangent n'a pas plus de dix-huit mois, ce qui ne peut leur faire aucun tort (1).

(1) Nos ruches, quant à leur forme cylindrique, à leur position horizontale, et à la facilité de les ouvrir par devant et par derrière, sont semblables à celles de M. l'abbé Bienaymé, dont je donnerai la description à la fin de ce volume. Ce n'est que leur matière qui est différente, les nôtres étant de terre cuite, et les autres de paille. Or, tous les avantages que M. l'abbé Bienaymé attribue à ces ruches par rapport à la conservation des

Cependant il arrive quelquefois au printemps qu'elles ont une espèce de cours de ventre. Les meilleurs remèdes, et ceux qui m'out le mieux réussi, c'est de mettre dans chaque ruche, aussitôt que l'on aperçoit qu'elles ont le dévoiement, de la farine de grosses féves, détrempée dans du miel et du vin, d'en faire une pâte un peu dure, et d'en placer dans chaque ruche. On peut encore prendre du sel commun qu'on pile très-fin, et en répandre dans la ruche de l'épais seur d'une ligne et d'un pouce carré.

CHAPITRE VI.

D'UNE Maladie épidémique qui emporta, il y a quelques années, les abeilles dans l'ile de

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Syra.

PLUSIEU

LUSIEURS auteurs, dit M. l'abbé Tessier, parlent de la rougeole des abeilles : à ce mot on croiroit que c'est une maladie, tandis que

abeilles, doivent être communs aux nôtres : celles-là même doivent être plus exposées aux fausses teignes que les nôtres, ou du moins elles doivent être sujettes aux mulots et aux souris.

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