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vent dans le cas d'éprouver quelques vents froids dans les premiers jours qu'elles vont à la campagne, ce qui arrive presque toujours, elles se trouveront en état de s'en tirer sans aucun accident. »

Nous répondons à la première raison de cet auteur, qu'en effet nous croyons très-préjudiciable aux abeilles de récolter les ruches pendant l'hiver; mais de le faire dans le mois de juillet et vers la fin d'août, dans les circonstances et avec les précautions que nous avons exposées au précédent chapitre, cela ne peut produire presque aucun inconvénient; et si les abeilles pouvoient quelquefois avoir besoin de secours, les propriétaires ont des moyens pour le connoître et pour leur en fournir, avec beaucoup de facilité, ainsi que nous l'avons exposé ailleurs,

A la seconde raison de M. Bienaimé, nous répondons que sept à huit rayons dans nos ruches, contiennent ordinairement des provisions suffisantes pour la nourriture de nos insectes pendant l'hiver, et pour les abriter contre les rigueurs de cette saison, ainsi que nous en avons fait l'expérience dans l'hiver de 1788 et 1789 qui fut extrêmement rigoureux. En effet, nous avons toujours observé dans les ruches les plus

fortes , que leur population qui, pendant la belle saison, s'étendoit jusqu'au couvercle, et remplissoit toute la ruche, ne manquoit pas, aussitôt que les premiers froids se font sentir, de se retirer au fond de la ruche, et de s'y serrer aussi étroitement les unes sur les autres, qu'à peine elles occupoient quatre à cinq rayons, laissant les autres à découvert.

Quoi qu'il en soit de la plus grande chaleur qu'un rayon plein de miel peut donner aux abeilles, cependant les sept à huit rayons fournis de miel, que nous laissons à nos abeilles pour leur provision, et le bouchon (1) de bois que nous enfonçons pendant l'hiver dans nos ruches, jusqu'à toucher les rayons, sont suffisans pour garantir nos insectes des rigueurs de cette saison.

Au reste, d'après ce que nous avons établi au premier livre, sur la manière de gouverner les abeilles pendant l'hiver, et d'après ce que M. l'abbé Bienaimé lui-même dit dans son mémoire sur les insectes, chapitre X, où il parle des dangers que courent les ruches exposées au soleil dans l'hiver, il faut avouer que trop de chaleur n'est pas fort favorable à nos insectes

(1) Nous parlerons ailleurs de l'usage de ce bouchon.

danscette saison. Au sujet de cette même chaleur, on pourra voir ce que nous dirons au IV. volume. Quant à ce que dit notre auteur, que les aretourner dans un petit rangs, et et que

beilles ne pouvant se

espace, tombent des

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le froid les

saisit, cela ne provient point du trop peu d'espace il est de fait que soit que les abeilles aient plus ou moins de rayons, elles se resserrent dans l'hiver aussi étroitement qu'il leur est possible; et toutes celles qu'on trouve mortes, ont péri de vieillesse ou de maladies, ou si le froid en a fait mourir quelques-unes, c'est pour s'être imprudemment séparées de leurs compagnes. Voyez à ce sujet le même volume.

A la dernière raison qu'apporte M. l'abbé Bienaimé, nous répondons que lorsque nous proposons de tailler les ruches à la fin de l'été, c'est avec la réserve de laisser aux abeilles la quantité de provisions qu'il leur faut à peu près pour passer l'hiver; et quant au couvain, nous disons qu'il est beaucoup plus exposé, lorsqu'on taille les ruches vers la fin de mars, que vers le milieu de l'été, comme le démontre aussi M. Duchet dans le chapitre suivant, d'autant plus que dans cette saison tout le couvain est bien avancé, et couvert de sorte qu'il n'a aucun

besoin de nourriture de la part des abeilles. Si par hazard quelque petite partie n'est pas assez avancée, le grand nombre d'abeilles qui peuplent alors les ruches, suffit pour travailler à de nouveaux rayons, et pour nourrir cette petite portion de couvain,

Nous concluons donc que les raisons de M. l'abbé Bienaimé ne sont ni assez fortes, ni de nature à nous faire abandonner la méthode que nous avons établie de tailler nos ruches une, ou même deux fois par an, selon l'abondance - des pâturages et la longueur de leur durée dans chaque pays. M. Contardi nous assure qu'il y a des cantons en Italie, où l'on taille les ruches jusqu'à trois fois par an, et qu'a près cette troisième taille, elles ont encore le temps de se bien fournir pour passer leur hiver, tant est grande l'abondance et la durée des pâturages de ces pays-là. Tous ces avantages, qui sont l'unique objet de la culture des abeilles, n'existent presque pas dans la méthode de tailler les ruches seulement au printemps. M. Duchet est d'un avis tout opposé à celui de M. l'abbé Bienaimé. La pratique de tailler les ruches au commencement du printemps étant en vigueur en Suisse, il s'élève avec beau

coup de zèle contre cet usage dans un chapitre particulier. Tout ce qu'il en dit, pouvant intérésser les amateurs, nous avons résolu de le rapporter au chapitre suivant; mais nous croyons cependant devoir prévenir nos lecteurs que, quoique nous soyons de l'avis de cet auteur sur les dangers de récolter les ruches à la fin de l'hiver, nous n'admettons pas tous ses raissonnemens, du moins dans toute leur étendue.

WCH PITRE IV.

Observations de M. Duchet contre la coutume d'enlever aux abeilles, au printemps, leurs provisions.

«M. DUCHET, au chapitre IV de son traité sur les abeilles, vers la fin, avant d'entrer dans ses observations contre la coutume presque générale de son pays (la Suisse), d'enlever aux abeilles, quand on les sort au printemps, environ la moitié de leur provision, établit pour principe, que le miel n'est pas seulement néces saire à la nourriture des abeilles déjà formées, mais encore à la formation des embrions et

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