Page images
PDF
EPUB

pourroient accompagner cette opération. Au surplus, pour ceux qui peuvent avoir quelque inclination pour la transvasion, nous ferons voir ailleurs qu'avec nos ruches on peut la pratiquer facilement, et plus facilement même qu'avec celles de paille.

<< Mais, j'ose le dire, le produit des ruches qu'on entretient à Yone-la-Ville, deviendroit presqu'immense, si, en fournissant aux abeilles des récoltes presque continuelles, on les dé graissoit sans inconvénient, et si on les renouveloit toutes les fois qu'il seroit nécessaire, sans faire périr aucune abeille, et en sauvant tout le couvain. »

OBS. IX. Nous pouvons assurer nos lecteurs que la méthode dont nous nous servons pour construire nos ruchers et y disposer les ruches, présente tous ces avantages dans toute la perfection désirable. Ces ruches peuvent être dégraissées sans aucun inconvénient, les rayons renouvelés au besoin, la récolte répétée autant de fois que le propriétaire le juge à propos, sans presque faire périr aucune abeille, et en sauvant avec toute la facilité le couvain. D'après cela, nous osons assurer à notre tour, que si on se décidoit à adopter cette méthode, non

seulement à Yone-la-Ville, mais aussi dans tout le Royaume, ainsi qu'en Espagne, en Italie et dans presque toute l'Europe, le produit des abeilles deviendroit immense. Il suffit pour cela 1o. que les gouvernemens engagent les amateurs ou autres personnes de bien s'instruire de cette méthode de gouverner les abeilles; 2°. que les propriétaires des ruches prennent tous les moyens de fournir à leurs mouches des pâturages jusqu'au mois de septembre inclusivement. Presque toute la terre fournit abondamment à 'nos insectes, au printemps et une partie de l'été, tout ce qu'il leur faut pour leur butin; mais il y a des pays qui leur refusent le nécessaire tout le reste de la belle saison. C'est pour ce temps-là principalement que les abeilles ont besoin de l'industrie et du secours de leurs maîtres. Ce secours n'est point difficile à leur procurer, sur-tout aux gros propriétaires, qui veulent entreprendre cette culture en grand. Nous reviendrons sur ces conditions dans quelque autre partie de cet ouvrage.

CHAPITRE

CHAPITRE VII.

Méthode pour prendre aux abeilles leurs provisions sans les faire périr, tirée de M. Du

carne.

«PASSON

ASSONS,poursuit M. Ducarne, à la méthode que je vous ai promise: si elle ne pare pas à tous les inconvéniens, elle le fait au moins pour une grande partie et pour les plus considérables. Cette méthode consiste à réunir dans une même ruche pleine de cire et de miel les abeilles de deux ou plusieurs ruches qu'on veut renouveler, ou dont on veut prendre les provisions sans les détruire elles-mêmes. Il y a encore bien des circonstances où on peut y avoir recours, telle, entre autres, que celle où des essaims tardifs ne seroient pas assez pourvus de provisions.

»

OBS. I. Cette méthode de transvaser deux ou trois ruches pour en composer une, peut être avantageuse à la prospérité de nos insectes, et utile en même temps aux propriétaires, pour profiter des dépouilles d'une ou deux ruches entières; d'autant plus qu'il est de fait que cette

Tome III.

Z

force réunie d'abeilles, est plus en état de faire une plus grande récolte, que divisée en plusieurs ruches. Cela cependant doit s'entendre jusqu'à un certain point. A Syra on est aussi dans l'usage quelquefois de retirer des petits essaims pour les jeter dans d'autres ou dans les ruches anciennes, mais foibles.

Quant à la pratique de transvaser des ruches suffisamment peuplées, pour en composer une extrêmement forte, nous pensons qu'elle peut être très-avantageuse, sur-tout pour procurer des essaims hâtifs et forts, mais nous craignons qu'elle n'ait aussi son inconvénient.

Pour apprécier mieux les motifs de notre crainte, il faut qu'on lise la dissertation de M. Duchet, sur la manière d'hiverner les abeilles et les observations que l'on trouvera dans notre quatrième volume. Nous y faisons voir que les rayons pleins de miel sont plus propres à abriter nos insectes et à leur conserver un degré de chaleur nécessaire à leur existence, que les rayons entièrement vides. Nous y observons en conséquence que toutes les abeilles qui se trouvent sur les bords des rayons, ou entre ceux qui ne contiennent que du miel, sont celles qui périssent, ou qui sont plus exposées à périr,

lorsque les froids se font sentir avec violence; d'où il s'ensuit qu'en jetant les mouches d'une ou de deux ruches dans une troisième suffisamment peuplée, cette ruche doit en être presqu'entièrement remplie. Or, dans une ruche de ces pays la moitié des rayons, au moins, est ordinairement vide de miel, toutes les abeilles qui y passent leur hiver sont exposées à périr; ce qui rendroit inutile et même dangereuse la peine qu'on s'est donnée de rassembler dans une seule ruche une quantité de mouches aussi grande, nous disons dangereuse, parce qu'autant qu'il y a dans une ruche d'abeilles mortes, autant l'infection augmente, et le salut de la république y est exposé. Donc nous n'avançons rien ici que nous ne croyons une conséquence très-juste des principes que nous établissons à l'endroit cité.

Nous craignons encore un autre inconvénient de cette union de plusieurs essaims dans une seule ruche en automne; c'est que cette ruche, quoiqu'on la juge très-bien fournie de provisions, eu égard à sa population, ne soit insuffisante pour la multitude d'abeilles qu'on y a

réunies.

Il y a un troisième inconvénient à craindre;

« PreviousContinue »