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liqueur qui y est répandue, elles se jettent même les unes sur les autres pour se lècher, moins pour l'envie de se secourir, comme plusieurs auteurs le pensent, que pour l'amour du miel. Pour empêcher ensuite que le miel ne coule hors de la ruche, lorsqu'il tombe en abondance des rayons, on peut se servir d'une espèce d'écuelle de fer-blanc, quarrée et d'environ six pouces, dont les rebords ne doivent pas avoir plus de deux ou trois lignes d'élévation; elle doit être un peu pliée pour mieux s'adapter à la forme cylindrique de nos ruches. On a soin de la faire passer d'abord sous les rayons, ou au moins lorsqu'on voit que le miel commence à couler; ce coùlement est ordinairement plus fort dans les ruches dont les rayons ont une direction droite qui force de faire plusieurs coupes sur le même rayon.

Une autre observation non moins intéressante, et qui tombe sur ce que nous avons dit. dans la taille des ruches de la première direction, lorsqu'il s'agit de séparer la partie du rayon qui n'a point de miel de celle qui en a, avant de le détacher du haut de la ruche. Il arrive souvent qu'une partie du rayon qui se présente transversalement n'a pas de miel, et qu'après

l'avoir séparé, on en trouve sa surface intérieure garnie ; si elle en est entièrement fournie, on la jette dans le baquet; mais si elle ne l'est qu'en partie, il faut en séparer celle qui est vide. Ceux qui ont un peu de pratique dans ces sortes d'opérations, connoissent aisément à travers du fond des cellules du devant (lorsque les rayons sont de l'année), si celles du dedans sont, ou non, garnies de miel.

Souvent aussi il arrive, sur tout dans les premières récoltes qui se font dans le mois de juillet, qu'on rencontre des rayons pleins de miel, dont la totalité ou partie des alvéoles ne sont point bouchés. Nous conseillons dans ce cas de ne point recevoir ces rayons sur la raquette, de crainte que le miel ne se répande, principalement quand quelqu'un de ces rayons reçoit quelque secousse; il faut le prendre avec la main, et le tenir droit, autant qu'il sera possible, et en détacher les abeilles, avant de le jeter dans le baquet; c'est particulièrement sur ces sortes.de rayons que les abeilles s'attachent avec plus d'acharnement pour en emporter le miel, lorsqu'elles les voient emporter.

Nous avons remarqué dans une note du chapitre XV, livre III, page 283, que les abeilles

au moment qu'elles voient leurs provisions emportées par le propriétaire, se jettent sur leurs magasins, les débouchent et emportent les provisions pour les cacher dans l'intérieur de la ruche, et les dérober ainsi à sa rapacité. Ce sont ces abeilles qui sont plus difficiles à chasser de dessus les rayons, sur-tout quand les alvéoles qui contiennent le miel sout débouchés. Elles s'y enfoncent à mi-corps, et semblent braver et mépriser tous les moyens employés pour les en éloigner; cependant on y parvient avec un peu de patience, de la fumée et le petit balai de plume.

Enfin nous conseillons à nos cultivateurs d'abeilles de se conduire le plus lestement possible dans la taille de leur ruche (sans pourtant manquer aux règles exposées ci-dessus, chapitre I), pour éviter la grande quantité d'abeilles du voisinage, qui ne manquent pas de venir les inquiéter, attirées par l'odeur du miel et l'espoir du pillage.

Toutes ces règles que nous venons d'exposer sur la manière de récolter nos ruches, ne regardent que ceux qui voudront suivre strictement la méthode que nous avons proposée jusqu'ici; car si l'on préféroit de suivre les diffé

rens moyens que nous proposerons ci-après, pour tirer le plus grand avantage possible de la culture de nos insectes; alors on n'auroit guère à récolter des ruches transvasées, et par que conséquent vides d'abeilles, ce qui est de toute facilité, et tout cultivateur pourra l'exécuter sans aucune crainte, n'ayant aucun ménagement à garder.

CHAPITRE IX.

Manière de récolter nos ruches, exempte de tous les inconvéniens reprochés par les auteurs aux usages de tailler les ruches ordinaires.

On ne pourra mieux faire connoître les avantages de notre manière de récolter nos ruches, qu'en rapportant les principaux inconvéniens que M. Ducarne et autres auteurs reprochent aux ruches ordinaires.

Le premier qui nous a frappés, dans plusieurs espèces de ruches, et sur-tout dans celles de paille faites en forme de cloche, c'est la nécessité de les retourner et de les renverser pour

pouvoir agir dans leur intérieur : ce renversement doit entraîner des accidens fàcheux par la chute de quelques rayons, sur-tout dans ceux de l'année. On ne craint rien de pareil dans nos ruches qui sont inamovibles. On n'y touche, pendant la récolte, que les rayons qu'on retire à mesure.

Le second inconvénient, c'est la difficulté d'obliger les abeilles de quitter les rayons que nous voulons retirer. Comment les couper et les manier, sans crainte de les écraser ou d'en être piqué? En tournant la ruche en sens contraire, les abeilles, qui naturellement vont en grimpant toujours, monteront continuellement vers le bord; la fumée même que nous leur ferons sentir les excitera et les mettra en mouvement vers ce même bord. Ajoutez la grande gêne que le propriétaire doit éprouver de la part des abeilles qui, pendant l'opération de la taille sortent de la ruche ou reviennent de la campagne; et cet inconvénient est plus grand qu'on ne le croit. Si la récolte dure au moins un quart d'heure et nous sommes persuadés qu'elle doit durer plus de demi-heure ), plusieurs milliers d'abeilles doivent être en l'air et voltiger autour de celui qui fait la taille, souvent elles se las

sent

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