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Prouteau se servoit de notre méthode, tant pour construire son rucher et y placer les ruches de notre façon, que pour les gouverner et les récolter; que si, au lieu de transporter ses ruches dans des pâturages frais à huit ou dix lieues de distance, il pouvoit leur en procurer aux environs des lieux où elles se trouvent, leur produit ne fût infiniment plus considérable, ses dépenses, ses peines et la perte de ses ruches. infiniment moindres. Cela est si vrai, que l'auteur cité par M. Ducarne au chapitre VI ci-dessus, «assure que le produit des ruches qu'on << entretient à Yone-la-Ville, deviendroit pres<< que immense, si, en fournissant aux abeilles « des récoltes presque continuelles à faire (c'est

à-dire, depuis le mois de mars jusqu'à celui « de septembre), on les dégraissoit sans incon« vénient, et si on les renouveloit toutes les » fois qu'il seroit nécessaire, sans faire périr <<< aucune abeille, et en sauvant tout le couvain.» Or, toutes ces conditions se trouvent à un degré éminent dans notre méthode, ainsi que nous l'avons fait voir dans plusieurs endroits. Si quelqu'un en doutoit encore, nous prions les amateurs les plus intelligens qui sont à portée, et en particulier la société d'agriculture de Paris,

de vouloir bien l'examiner sur les lieux, avec toute la rigueur possible; et, s'ils la trouvent telle que nous la vantons, nous les exhortons à prendre les moyens les plus propres à la répandre dans tout le royaume pour l'avantage de l'Etat et des habitans de la campagne.

En second lieu, la différence du profit qu'on retire des abeilles, provient de la forme des ruches dont on fait usage, et de la situation où se trouve un propriétaire par rapport au nombre de ruches qu'il veut former. Ceux qui ne se servent que de ruches de paille et qui veulent augmenter le nombre de leurs essaims, n'en doivent naturellement retirer qu'un profit très-mince, jusqu'à ce qu'ils soient parvenus à compléter ce nombre: 1o. parce qu'ils sont forcés de conserver tous leurs essaims premiers, seconds et même les troisièmes en les mariant ensemble, ou autrement, pour remplir leur rucher le plus promptement possible; 2°. parce que ces sortes de ruches ne se prêtant que difficilement à être récoltées, les propriétaires ne retirent ordinairement aucun profit, ni des premiers essaims, ni des mères-ruches qui ont essaimé, ni même de celles qui n'ont point essaimé. Ce n'est qu'en faisant périr quelques

être

ruches que leur vieillesse va leur enlever, qu'ils parviennent à en retirer quelque foible profit. On voit que le produit des propriétaires qui se trouvent dans cette situation, ne doit pas bien considérable, et ils ne peuvent s'attendre à un plus grand profit, que quand ils seront parvenus à compléter leurs ruches. Enfin parvenus à cette époque désirée, ils choisissent à la fin de la campagne parmi leurs ruches, les plus jeunes et les plus fortes pour les conserver, et ils en vendent le surplus aux marchands, ou ils prennent le parti de les faire périr eux-mêmes, pour en retirer toute la cire et le miel. C'est par cette manière que nous pensons que les cultivateurs les plus intelligens et les plus actifs de l'ancienne méthode peuvent avoir 15 à 20 livres en argent de leurs ruches qui ont essaimé, sur-tout lorsqu'ils ont soin d'élever leurs seconds et troisièmes essaims dans des ruches proportionnées à leur petitesse, pour en tirer leur provision à la fin de l'automne; on sent bien que par ce procédé on n'a pas de la culture de nos mouches tout le profit qu'on pourroit en attendre ; car on n'en retire qu'une seule récolte, et dans le cas que les ruches essaiment, Ce que nous venons de dire des ruches de pail

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peut l'étendre à peu près à toutes les autres manières de gouverner les abeilles. Aucune d'elles ne remplit entièrement les vues d'interêt que tout propriétaire économe doit se proposer, lorsqu'il entreprend cette culture.

Nous allons maintenant exposer les moyen's que nous jugeons les plus propres à tirer' de nos industrieux insectes tout le profit auquel il nous est permis d'aspirer, et que tout propriétaire doit employer avec soin pour les en gager à un travail plus abondant. Nous réduisons ces moyens à cinq articles: 1. à récolter nos ruches plusieurs fois dans l'année, autant que leur force et la beauté des pâturages le permettent; il est connu dans l'économie des abeilles, qu'autant qu'on leur coupe de rayons, autant elles sont empressées à en construire de nouveaux lorsque la campagne leur fournit des matériaux ; 2o. à'engager nos ruches d'essaimer tous les ans. Tous les cultivateurs conviennent qué les essaims forment le plus grand profit des ruches; 3°. lorsque les cantons dans lesquels on tient les ruches ne leur fournissent pas des pâturages frais, pendant l'arrière saison, il faut les faire voyager dans les lieux où ils abondent; 4°, à s'emparer de toutes leurs provisions, en

faisant passer les mouches dans des ruches vides pour les remplir une seconde fois, ce qu'on appelle transvaser les ruches ; 5o. à cultiver aux environs du lieu où on élève les abeilles, les principales plantes qu'on sait leur être particulièrement utiles, et contribuer à leur prospérité. Nous parlerons de chacun de ces moyens dans les chapitres suivans. Nous traiterons de ce dernier moyen au quatrième volume.

CHAPITRE XII

De la méthode de récolter les ruches plusieurs fois dans l'année ; règles très-nécessaires et intéressantes pour cet effet.

Nous avons exposé au chapitre VIII la ma

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nière facile avec laquelle on récolte nos ruches sans aucun inconvénient; nous allons maintetenant proposer quelques procédés propres à rendre nos mouches plus actives, et nous mettre à portée de les récolter plus d'une fois dans l'année, et de retirer un plus grand profit de leur travail. Ces procédés sont le fruit des attentions que nous avons données à ces insectes pendant

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