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second, ainsi qu'après celle du troisième sorti. Cette nourriture anima tellement nos mouches qu'à la fin du mois de juillet cette ruche étoit aussi vigoureuse et aussi peuplée, qu'au printemps, avant de donner son premier essaim. Le printemps suivant cette même ruche s'est trouvée aussi vigoureuse que toutes celles même, qui n'avoient pas essaimé l'année d'auparavant, et elle a été une des premières à donner un essaim; une autre ruche qui avoit également donné trois essaims, et à laquelle nous n'avons pas donné de ce mêlange de miel avec de la liqueur, s'est traînée foiblement pendant tout l'été, ainsi que font ordinairement toutes celles qui donnent plusieurs essaims dans l'année. Par ce petit secours accordé aux ruches qui ont essaimé, on voit qu'on se procure, deux grands avantages; le premier, d'animer nos insectes à se repeupler avec vitesse, et par-là à bien se pourvoir de provisions pour l'hiver; le second, de les mettre en état de donner des bons essaims au printemps suivant.

Un autre moyen qui pourroit infiniment contribuer à ce que les ruches essaimassent toutes au printemps, c'est la transvasion. Nous avons lieu de croire que les ruches dans lesquelles on

aura transvasé les abeilles d'autres ruches, de la manière que nous l'exposerons au chapitre X, d'après M. Ducarne, donneront infailliblement des essaims à la belle saison, si elle est tant peu favorable.

soit

Enfin, pour avoir des essaims en plus grand nombre, il est nécessaire de composer ses ruchers d'essaims d'une belle espèce et féconde 3 car parmi ces inscctes, ainsi que parmi les aus tres animaux, il y a des républiques qui sont plus ou moins fécondes en essaims; un proprié taire attentif ne tardera pas à découvrir cette différence parmi les ruches qu'il élèvera. Il suf fit qu'il marque tous les essaims provenans de ruches qui ne sont ni assez fécondes, ni assez actives; et lorsque le nombre de ses ruches sera rempli et qu'il voudra faire périr le surplus, il choisira les infécondes et les paresseuses. Nous exhortóns tout propriétaire d'abeilles à faire attention à ce dernier conseil, et nous lui répondons d'un plein succès.

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Tout ce que nous venons de dire sur les moyens d'avoir des essaims regarde ceux que les mères-ruches donnent naturellement. Quant aux essaims artificiels plusieurs auteurs se sont appliqués avec quelque succès à en former avant

que les mères les jettent, ou paroissent avoir même l'envie d'en donner. Nous avons déjà parlé à la fin du deuxième volume de ces différentes méthodes; mais en ayant eu des notions plus amples par l'acquisition de l'ouvrage de M. Schirach, et d'un traité particulier de M. Ducarne sur cette matière, nous nous réser vons à en parler diffusément au volume suivant où, après avoir examiné toutes ces méthodes, nous donnerons au public une nouvelle forme de ruche, avec une méthode de multiplier les ruches, ou, ce qui vient au même, de former des essaims artificiels avant que la mère les donne. Cette méthode, à ce que nous espé rons, porte avec elle une très-grande facilité dans son exécution, et une espérance de réussir supérieure à tout ce qui a été proposé par ces

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CHAPITRE XIV.

pour

Sur l'usage de faire voyager les ruches leur procurer de nouveaux pâturages, suivant la pratique de différens peuples anciens et modernes ; et de son utilité.

<< SAVARY, dans ses lettres sur l'Egypte, nous fait un détail sur la manière avec laquelle les habitans de cette, contié font voyager leurs ruches le long du Nil: les Egyptiens, nous dit-il, dans leur manière d'élever les abeilles, annoncent beaucoup d'intelligence. Comme dans la Haute-Egypte les fleurs et les moissons paroissent plus tôt que dans la basse, les habitans profitent de ces momens précieux. Ils rassemblent', sur de grands bateaux, les abeilles de différens villages. Chaque propriétaire leur confie ses ruches désignées par une marque particulière. Lorsque la barque en est chargée, les hommes qui doivent la conduire remontent doucement le fleuve, et s'arrêtent dans tous les lieux où ils trouvent de la verdure et des fleurs. C'est ainsi qu'après trois mois de séjour sur le Nil,

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les ruches sont rapportées aux lieux d'où on les avoit enlevées, et y trouvent de nouvelles richesses. Gette industrie procure aux Egyptiens un miel délicieux et de la cire en abondance. Les propriétaires paient aux bateliers à leur retour une rétribution proportionnée au nombre de ruches qu'ils ont ainsi promenées d'un bout de l'Egypte à l'autre. »

Cette méthode de faire voyager les ruches n'a point été inconnue aux anciens Grecs Ou lit dans Columelle, qué les habitans de l'Achaïe voituroient ainsi leurs ruches en Afrique, où la saison des fleurs étoit tardive. Il faut croire que cet auteur parle de l'Egypte sous le nom général d'Afrique. On sait que toute la fertilité de cette province dépend de l'inondation des eaux du Nil cette inondation commence au mois de juin, et ne cesse qu'environ trois mois après. Ainsi, on comprend que dans l'Afrique, c'està-dire en Egypte, qui est un pays plus chaud que la Grèce, la saison des fleurs étoit plus tardive que dans l'Achaïe, où, après le mois de septembre, on ne voit guères de pâturages pour les abeilles, au lieu qu'en Egypte ils sont dans foute leur force après ce même temps, à cause de la retraite des eaux du Nil.

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