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trois ruchers, l'un vers le midi, l'autre vers le nord, et un autre entre les deux; que dans le le canton du premier rucher on ne trouve que les fleurs ordinaires du canton, dans celui du milieu quantité de sainfoins, et autour de celui du nord beaucoup de luzernes et de sarrasins: d'abord nous leur proposons, s'ils ne trouvent pas à acheter assez d'essaims pour fournir à ces trois ruchers, de commencer par remplir celui du midi, et ensuite de transporter au second tous les essaims que celui-ci donnera, et dès que ce dernier sera rempli, depeupler le troisième; et en attendant que tous les trois soient complets, on pourra faire voyager les ruches de ces ruchers, lesquelles n'ont pas essaimé, ainsi que nous l'avons proposé dans la première règle; avec cette différence, que la seconde transvasion qu'on fera pour la récolte du sarrasin (si elle doit avoir lieu) se fasse dans une ruche du rucher du nord, où l'on laissera l'essaim, sans toucher en rien à son travail.

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Parce moyen nous avons un double avantage, celui de remplir rapidement nos ruchers, et celui de sauver les essaims tardifs du premier cher qui, sans cela, ne pourroient s'établir et se conserver, ou qui nous auroient échappé. Les Tome III. Hh

seconds et troisièmes, en les mariant et en les transportant dans des ruchers environnés de pâturages frais, pourront aussi être conservés trèsaisément; on pourroit même transporter ces seconds et troisièmes essaims, dès leur sortie, et les placer dans le rucher du nord : ce seroit un moyen de les faire prospérer avec plus de facilité.

Lorsque ces trois ruchers sont remplis, on peut alors transvaser leurs ruches et les transporter de l'un à l'autre, ainsi que nous l'avons dit dans les moyens précédens, en faisant attention de tenir auprès du troisième rucher tout ce qu'il faut pour en retirer la cire et le miel, afin de ne pas être obligé de transporter ses ruches au second ou au premier rucher, après la récolte du sarrasin, à moins qu'on n'aie dans ces ruchers des ruches foibles qu'on veuille fortifier; dans ce cas on pourra transporter des ruches qui ne seront remplies que d'abeilles, pour les transvaser dans ces foibles.

Tout ce que nous venons de dire sur l'usage de mener herbager les ruches, suppose la culture des abeilles en France dans l'état de langueur où elle est actuellement ; de sorte que dans tout le Royaume, même dans les cantons les

plus convenables à cette culture, il n'y a peutêtre pas la dixième partie des abeilles qu'ils pourroient nourrir, Aússi dans une telle supposition, nous ne pouvons nous empêcher d'avouer qu'un tel usage, pratiqué avec intelligence, doit être très-avantageux; mais si les choses changent, si le goût de la culture des abeilles reprend en France, si les riches propriétaires du Royaume ouvrent à la fin les yeux sur leur intérêt le plus légitime et le plus honnête, s'ils donnent à lá culture des abeilles toute l'attention et l'étendue dont elle est susceptible, nous pensons qu'alors tous ces avantages diminueront de beaucoup ou disparoîtront même entièrement. Certes, si les habitans des villages du Gâtinois, où l'on voit à l'herbage plus de trois mille ruches étrangères, comme nous l'avons rapporté d'après M. l'abbé Tessier, vouloient sérieusement s'adonner à élever pareil nombre de ruches, et même davantage, pour en tirer euxmêmes le profit de l'abondance de leurs champs, on n'y verroit plus cette foule de ruches qui y sont menées de tous côtés pour sucer le miel de leurs propres plantes.

Il seroit même à souhaiter que cet esprit vînt aux habitans du Gâtinois, parce qu'alors les

autres propriétaires d'abeilles, sur-tout ceux qui sont riches en biens de terre, se verroient for cés de faire cultiver dans leurs propres fermes toutes ces plantes qu'ils auroient reconnu être infiniment utiles à leurs mouches; ce qui insensiblément étendroit sur toute la surface du royaume cette double culture des abeilles et des pâturages qui leur conviennent, au grand ávantage de l'État, , par l'abondance de la cire et du miel, ainsi que nous le ferons voir au chapitre qui servira de conclusion de cet ouvrage vers la fin du quatrième volume.

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Effectivement, si on cultivoit dans, tout le royaume, ou du moins dans les provinces qui sont les plus propres à cette culture, les sainfuins, les luzernes et les sarrasins, comme on le pratique dans le Gâtinois, et si à chaque pays de dix à douze lieues de circonférence on élevoit trois à quatre mille ruches, à quel profit immense n'auroit-on pas le droit de s'attendre? Dans cette supposition, le moyen le plus propre pour arriver à pareille abondance, ce seroit de faire usage de nos ruches qui nous donnent toute la commodité pour les récolter sans inconvéniens, les transvaser et pratiquer par leur moyen tout ce qu'on peut désirer pour le plus grand

avantage des propriétaires et pour la prospérité de nos mouches.

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CHAPITRE XV.

De la manière de retirer, à Syra, le miel et la cire des rayons.

La méthode dont on use dans notre île pour extraire le miel des rayons, et pour en retirer la cire est très-simple; il se peut qu'elle ne nous mette pas à portée d'en tirer tout l'avantage possible; mais toujours elle est plus utile que celle dont font usage la plupart des cultiva teurs de ces pays, qui vendent leurs ruches ou leurs rayons, tels qu'ils les retirent des ruches aux marchands ciriers, faute de savoir extraire eux-mêmes le miel et la cire.

Dans le Levant, et sur-tout dans les îles de l'Archipel, on n'a pas la commodité des pressoirs et autres instrumens propres à tirer des rayons toute la quantité de miel et de cire qu'on pourroit naturellement espérer; on n'y emploie que les mains, un morceau de bois et de canevas bien fort pour en faire un sac. Avce ces

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