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d'abandonner l'ouvrage ; qu'il y auroit beaucoup de miel de consommé et de mouches perdues, parce qu'alors elles se gorgent de manière à ne pouvoir plus retrouver leurs ruches. On peut cependant, vers le soir, ouvrir un instant les fenêtres pour laisser aller celles qui sont dans le laboratoire, sans craindre que, celles de dehors viennent s'y rendre.»

OBS. II. Si on laissoit ces pauvres animaux toute une journée renfermés dans l'appartement, la plus grande partie y périroit; car, à force de se heurter continuellement contre les carreaux, croyant trouver une issue pour s'enfuir, ils épuisent leurs forces, et ils tombent sur les traverses de ces carreaux. S'ils étoient en petit nombre, et si on vouloit les sauver, nous aurions conseillé de les prendre avec un linge, et de les lâcher en l'air; mais de crainte que les insectes voulant piquer la main qui les tient, ne laissent leur aiguillon sur le linge, nous proposons de leur présenter, l'un après l'autre, une goutte de miel au bout d'une baguette; les abeilles s'y attachent pour le sucer, et on les porte dehors l'une après l'autre. Și,par hasard, il arrivoit qu'une grande quantité d'abeilles entrât dans le laboratoire par quelque issue échappée à la vigilance

des

des ouvriers, l'unique moyen de les chasser seroit de bien fermer tous les volets, et de rendre obscur l'appartement, d'y pratiquer une grande fumée de bouse de vache, et d'entr'ouvrir en même temps deux volets; les abeilles irritées par cette fumée, ne tarderont pas à s'enfuir. Si on craignoit que d'autres n'y entrassent, on pourroit poser une chaufferette avec de la même fumée en dehors des deux volets entr'ouverts.

que

Il pourroit se faire les travailleurs attrappent quelques piqûres, mais elles n'auront pas de suite, ne venant que de mouches à demimortes, qui se rencontrent sous leurs doigts en maniant les rayons. Ce ne sont que des demipiqûres, dont le miel qu'ils façonnent peut devenir le meilleur remède en l'appliquant des

sus.

OBS. III. Dans plusieurs endroits de cet ouvrage, nous avons indiqué différens moyens pour appaiser la douleur, et pour empêcher l'enflure qui suivent ordinairement les piqûres des abeilles. En voici deux que nous avons éprouvés, et qui sont souverains contre l'une et contre l'au tre; la thériaque de Venise et l'huile d'olive. Pour ce qui est de la première, tout le monde

Tome III.

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et,

en connoît la vertu contre toute piquûre venimeuse. On, connoît aussi la vertu de l'huile, qui a à peu près la même force; mais une anecdote qu'une personne digne de foi, venue d'Egypte, nous a racontée, nous a engagé à en faire usage contre les piqûres des abeilles, et nous l'avons fait avec beaucoup de succès. Il y avoit, il n'y a pas long-temps dans ce pays, un homme qui s'occupoit par profession à la chasse des aspics; quoique souvent il en fût piqué, on savoit dans tout le pays, qu'il avoit un remède qu'il ne communiquoit à personne, et qu'il appliquoit aussisôt sur la plaje; jamais ses piqûres ne lui occasionnoient aucune suite fâcheuse, Il cachoit son secret, même à sa femme. Elle ne savoit autre chose, sinon que son mari qui étoit Ture ainsi qu'elle, toutes les fois qu'il alloit à cette chasse, prenoit avec lui un petit flacon qui contenoit ce remède. Un jour voulant faire son ménage et nettoyer son appartement, elle renversa sans le vouloir, et jeta par terre, ce même flacon, ignorant l'endroit dans lequel son mari le cachoit; ce flacon se mit en morceaux, et là liqueur se dispersa. Cependant ayant soupçonné par tous ces indices, que c'étoit de l'huile d'olive, elle s'empressa d'acheter un autre flacon

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semblable qu'elle remplit d'huile, et qu'elle, remit à la même place. Le lendemain le mari,, s'en douter ni s'apercevoir de rien, prend son flacon, et va à sa chasse ordinaire. La pauvre femme, n'étant pas sûre que le secret de son mari ne consistât qu'en cette huile, trembloit de peur qu'il ne fût piqué de quelque aspic ce jour-là. Au retour de la chasse, elle not sup soups lui demanda, avec empressement, si, par hasard, il avoit été piqué ce jour de l'aspic, et de quel remède il s'étoit servi contre son poison; il lui répondit qu'il en avoit reçu plusieurs morsures, et qu'il s'étoit servi de son remède ordinaire

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qu'il portoit dans son flacon. La femme lui ra naventure, et le mari ayoua que son secret n'étoit autre chose que l'huile d'olive. Gest par ce moyen que son secret devint public. On doit appliquer l'huile sur les piqûres, avant, de mettre aucun autre remède. Nous l'avons ainsi employée avec beaucoup de succès. C'est pour cela que nous tenons toujours un petit, flacon de cette liqueur auprès du rucher. Nous ne nous sommes servis de la thériaque que trois ou quatre heures après la piqûre des abeilles aussitôt l'enflure commença à se dissiper, et le lendemain elle ne paroissoit point, contre, l'ordi

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naire; car semblables enflures, sur-tout à l'œil, durent deux et trois jours. Nous sommes persuadés que si on l'appliquoit sur la plaie, aussitôt après avoir retiré l'aiguillon, elle feroit cesser la douleur, et empêcheroit l'enflure.

Les ustensiles nécessaires pour fabriquer le miel et la cire, sont ceux qui suivent.

Sept ou huit baquets que l'on fait avec des tonneaux sciés en deux : on les gratte jusqu'au vif, afin qu'ils ne donnent pas de couleur, ni de mauvais goût au miel; il faut aussi prendre garde qu'ils ne fuient.

Plusieurs paniers, selon la quantité du miel qu'on a à faire, ils doivent être à claire voie, tant par le fond que par les côtés, avec des anses; on leur donne dix-huit pouces de diamètre sur un pied de haut. Le fond du panier doit être garni d'une traverse de bois pour le rendre plus solide et moins ployant dans cette partie, qui porte toute la charge des rayons qui sont très-lourds.

Plusieurs chassis de bois pour soutenir les paniers dont on vient de parler, au dessus des baquets.

Un mannequin d'osier pour y mettre les rayons sans miel, à mesure que l'on les sépare de ceux qu en sont pleins.

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