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plutôt çavia, a été employé par Klein pour un genre qu'il a établi, et qui comprend ce cabiai, le cochon d'Inde, les agoutis et le paca. L'un et l'autre ont été tirés des noms brésiliens capybara, capiygouara, cabionara, dérivés euxmêmes, suivant d'Azzara, de capiygoua, nom que le cabiai porte chez les Guaranis.

Les animaux que nous venons d'indiquer ont été considérés d'une manière très - différente par les naturalistes. Linnæus confondit la plupart d'entre eux dans son genre Rat, et s'il en sépara le cabiai, ce fut pour le joindre au genre Cochon, sous le nom de sus hydrochorus.

L'erreur, autant que le hasard, en réunirent encore une partie dans la seconde division des tetradactylon de Klein, à laquelle l'auteur donna le nom de cavia; car il s'en faut bien qu'ils aient tous quatre doigts.

Erxleben en réunit une partie sous le même nom; mais il en sépara le cabiai, qu'il joignit ay tapir, pour en former son genre Hydrocharus.

Enfin Pallas les réunit tous dans le même genre ; il y joignit même l'hyrax ou daman, que Herrmann et Schréber en séparérent depuis. Voyez DAMAN.

Gmelin a suivi ces derniers. Les caractères qui distin guoient ce genre, d'après cet auteur, étoient, deux incicives en forme de coin, huit molaires, trois ou cinq doigts aux pieds de devant, et quatre ou cinq à ceux de derrière ; une queue courte ou nulle, et point de clavicules.

Jusqu'à présent le genre Cavia de Gmelin n'avoit été modifié que dans le Tableau élémentaire de M. Cuvier, où l'auteur avoit formé un sous - genre des agoutis ; mais un examen plus attentif des animaux qui le composent, nous détermine, quoique nous les réunissions tous dans cet article, à en former trois divisions, qui peuvent être considérées comme trois genres différens, les caractères sur lesquels ces divisions sont fondées étant de même nature que ceux qui nous ont servi à établir les genres des autres ordres. La première de ces divisions comprendra les cabiais, hydrochorus; la seconde, les agoutis, cavia; et la troisième, les pacas, cælogenus, Cuv.

Comme les autres rongeurs, tous ceux-ci n'ont à chaque

mâchoire que des molaires et deux incisives tranchantes; ils sont privés de canines.

Les CABIAIS, Hydrochorus, Erx. Ces animaux se distinguent des genres suivans, parce qu'ils ont quatre doigts aux pieds de devant et trois à ceux de derrière ; mais surtout par la conformation de leurs molaires ils en ont huit à chaque mâchoire, et elles sont formées de lames verticales, soudées ensemble transversalement. On ne connoît encore que trois espèces dans ce genre.

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1. Le CABIAI, Hydrocharus capybara. Cet animal a près de trois pieds de longueur, et plus d'un pied et demi de hauteur; et, comme la plupart des rongeurs, il est gros, ramassé, trapu : sa tête est fort obtuse et sa lèvre supérieure fendue; ses oreilles sont courtes et arrondies il n'a point de queue; ses doigts sont réunis par des membranes. Audessus du museau du mâle se trouve une protubérance nue, qui paroît être formée par une glande; la peau qui la recouvre est percée de pores, d'où découle une sérosité inodore. La femelle a six mamelles de chaque côté. Le poil de toute la partie supérieure de l'animal est d'un brun foncé, noirâtre à son origine et roux à sa pointe; celui du dessous du corps est d'une teinte plus claire : il est dur, lisse et rare; le plus long n'a guère que trois pouces.

Cet animal paroît se trouver dans toute l'Amérique méridionale. Il habite le bord des eaux, où il se nourrit de végétaux; il ne terre point. Lorsqu'on l'effraie, il pousse un cri qu'on pourroit rendre par les syllabes a, pe, prononcées d'un ton assez grave; et aussitôt qu'il craint quelque danger, il se jette à l'eau, d'où il ne laisse sortir que l'extrémité de ses narines: il plonge, s'il est blessé ou si le péril est extrême. En général il est pacifique et tranquille.

La femelle fait, dit-on, quatre petits dans un lit qu'elle prépare avec de la paille. Nous ignorons la durée de la gestation, de l'allaitement, etc.

Les jeunes cabiais s'apprivoisent facilement, aiment à être caressés, et accourent à la voix qui les appelle, lorsqu'ils la connoissent. Leur chair est très - bonne à manger.

2. LE COCHON D'INDE, Hydrocharus cobaya. Ce petit

animal, qui s'est naturalisé en domesticité dans toute l'Europe, comme au Bresil et au Paraguay d'où il est originaire, nous est beaucoup mieux connu par ses variétés que sa souche primitive. En effet, nous ne possédons aucune connoissance certaine sur cet animal à l'état sauvage, et il seroit difficile de se persuader qu'il ne diffère point dans cet état de celui que nous avons soumis. Notre cochon d'Inde est couvert de grandes taches noires, blanches et fauves, qui varient sans fin et de relation et d'étendue. Lorsque la nature diversifie le pelage des animaux libres, elle le fait toujours d'une manière régulière et constante, et on ne la voit que bien rarement, excepté sur les animaux domestiques, prodiguer le blanc et le noir, comme elle le fait, et avec autant de pureté surtout, pour notre cochon d'Inde la vivacité de la couleur rousse suffiroit même seule pour faire soupçonner qu'un animal qui vit toujours caché, dont toutes les habitudes sont nocturnes, est sorti du cercle dans lequel il avoit été primitivement placé.

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Ce n'est donc point l'histoire d'un animal sauvage que nous allons écrire, mais celle d'un animal soumis. Les détails dans lesquels nous entrerons ne serviront qu'à confirmer cette vérité et à appuyer les réflexions précédentes: on ne trouve point dans l'histoire des animaux qui jouissent de toute leur liberté, ces égaremens de l'instinct dans lesquels la nature semble se mettre en opposition avec ellemême.

Le cochon d'Inde a, depuis l'extrémité du museau jusqu'à l'anus, dix à douze pouces de longueur; sa hauteur au train de devant est de deux à trois pouces, et de quelques lignes de plus au train de derrière.

Il est impossible, en voyant ce cabiai, de ne pas être frappé de sa stupidité, et de ne pas reconnoître un animal descendant de générations soumises depuis long-temps aux caprices de l'homme sa volonté est sans puissance, tous ses mouvemens sont incertains, tout sentiment de liberté a disparu; il semble avoir oublié même les moyens qu'il avoit reçus pour s'opposer à la violence et au mal. Aussi le voit-on le plus souvent ramassé sur lui-même et presque toujours disposé au repos, bien loin de ressembler aux

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animaux sauvages en captivité, dont l'attention et les mouvemens de tous les instans ont pour objet leur liberté. Son cri ressemble beaucoup à celui du cochon de lait, et c'est probablement la cause du nom qu'il porte. Sa physionomie se rapproche un peu de celle du lapin; mais le museau du cochon d'Inde est plus large. Sa couleur est, comme nous l'avons dit, par grandes taches blanches, noires et rousses, et son poil court et lisse est assez rude. Sa lèvre supérieure 'est fendue ses oreilles sont courtes, arrondies et presque nues; elles ont un repli à la partie antérieure. Les jambes sont grêles, et les doigts des pieds garnis d'ongles, longs, droits et pointus, mais particulièrement ceux des pieds de derrière la queue est presque nulle, et ne paroît que comme un tubercule de deux à trois lignes de longueur et d'une ou de deux lignes de base; elle est sans mouvement. Les yeux sont noirs; mais comme la couleur de cet organe a toujours la plus grande analogie avec celle du poil, et que la tête du cochon d'Inde que nous avons examiné étoit noire, nous ne croyons point que l'on doive définitivement regarder cette couleur comme celle des yeux de l'espèce. Il n'y a que deux mamelles, qui sont inguinales.

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Nos cochons d'Inde, comme la plupart des petits animaux domestiques, font annuellement plusieurs portées, portées sont de six à dix petits: la mère les met au monde trois semaines après l'accouplement ; elle les allaite pendant trois autres semaines environ; mais aussi, quelquefois, avant qu'ils n'aient pris la mamelle, elle les dévore: on sait que cet accident, tout surprenant qu'il est, n'est pas très-rare chez les animaux esclavés...

Les cochons d'Inde s'élèvent chez nous bien plutôt par fantaisie que par quelque vue d'utilité ; ils exigent un abri chaud et sec, et demandent en général assez de soins. Ils ne seroient probablement pas meilleurs à manger que nos lapins clapiers. Comme ils ne terreroient pas plus que ces derniers animaux, on ne parviendroit point à en former des garennes; et, s'ils étoient en liberté, ils résisteroient difficilement à la fois, et à l'influence d'un climat si différent du leur, et aux animaux qui voudroient en faire leur

de derrière, soutient de même avec ses pattes de devant les alimens qu'il tient à la bouche, et marche et court de la même manière. Ses alimens principaux sont les fruits; cependant il mange presque de tout indistinctement, même de la chair. On ne nous a point encore fait connoître quelle est leur manière de vivre, de se reproduire, etc.; tout ce que nous savons à cet égard, c'est que les agoutis font deux ou trois petits, entièrement semblables aux adultes.

2. L'AGOUTI A CRÊTE, Cavia cristata, Geoff. Cette espèce est de la même taille que celle dont nous venons de parler. Mais le noir domine sur les poils autant que le jaune domine dans l'espèce précédente, de sorte que la teinte générale de l'animal est d'un vert beaucoup plus foncé. Le dessus de la tête, du cou, et les pattes, sont entièrement noirs. Les poils de la croupe sont aussi longs que dans l'agouti; on voit en outre des poils très - longs sur le cou, qui forment une sorte de crête. Cependant le caractère principal qui distingue cette espèce-ci de la précédente, c'est qu'au lieu d'avoir le museau arqué, il est droit; le nez semble même être un peu relevé.

3. L'ACOUCHI, Cavia acuschi, Linn., est plus petit que les espèces précédentes, n'ayant qu'un pied de longueur : son poil est aussi plus doux et plus fin; sa queue est le double plus longue. Il a la croupe noire, les pattes couvertes de poils ras, annelés de noir et de fauve; le ventre est d'un roux assez vif.

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Les PACAS, Cælogenus, Cuv. de xosλos, creux, et gevos, joue. Les pacas ont pour caractères distinctifs des dents molaires, au nombre de huit à chaque mâchoire, qui, comme dans les agoutis, semblent formées par un ruban plissé transversalement, et entre les plis duquel s'est déposée la matière osseuse de la dent, ce ruban n'étant autre chose que la matière émailleuse. Ils ont en outre cinq doigts à tous les pieds, et des poches singulières aux côtés des joues. Ce genre ne possède encore qu'une seule espèce.

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1. Le PACA, Calogenus paca. La longueur de cet animal est de deux pieds environ, et sa hauteur, à la partie antérieure, comme à la postérieure, est à peu près d'un pied. L'habitude de son corps seule lui donne tant de ressemblance

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