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de la peau, qui paroît d'une manière sensible entre l'œil et la nageoire pectorale.

Les deux évents par lesquels ce cétacé lance avec force et à une hauteur considérable l'eau qu'il fait jaillir par cet orifice, aboutissent à une seule et même ouverture, qui est située sur l'extrémité antérieure du museau: la direction oblique de ces canaux respiratoires fait que l'eau qu'ils expulsent retombe en avant dans la mer; leur organisation est telle que le macrocéphale peut rester plus long-temps sous l'eau qu'aucun autre cétacé, et qu'il n'est pas forcé de venir aussi fréquemment qu'eux respirer à' sa surface.

La nuque de ce cachalot est marquée par une dépression légère, qui est tracée de chaque côté de la tête jusqu'à la nageoire pectorale. Il a le ventre gros et arrondi. Sa queue, qui a moins de longueur que sa tête, est conique; elle est susceptible d'une très-grande mobilité : son extrémité, qui a un fort petit diamètre, est divisée en deux lobes échancrés et courbés l'un sur l'autre en manière de faux; du bout d'un de ces lobes à l'extrémité de l'autre il y a souvent une distance de cinq mètres (15 pieds 4 pouces).

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Vers le dernier tiers de la longueur du dos il s'élève insensiblement une callosité longitudinale, en forme de nageoire, qui est brusquement tronquée, du côté de la queue, par une ligne perpendiculaire.

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Le cachalot macrocéphale a la peau aussi douce que de la soie sa couleur ordinaire est noirâtre, à reflets verdâtres, mêlés de nuances grises; quelquefois elle est, d'un bleu d'ardoise, tachetée de blanc, et son ventre est toujours blanchâtre.

La verge du mâle, dans cette espèce, est contenue dans une gaîne, et chacune des deux mamelles de la femelle, qui avec leurs mamelons n'ont ensemble qu'un sixième de mètre (2 pouces et demi) à peu près, est cachée dans un enfoncement longitudinal, qui fait qu'ils ne sont visibles l'un et l'autre que lorsqu'elle allaite.

Le printemps est la saison où les macrocéphales recherchent leurs femelles; ils le font avec une fureur qui

leur arrache des cris particuliers, que les combats des måles entre eux rend si aigus, qu'ils décelent de fort loin leur présence: la contrainte, la douleur, le danger ou la rage, leur en font pousser de semblables, et qui quelquefois sont mélés de mugissemens qui expriment d'une manière non équivoque la passion qui les agite.

· C'est à cette même époque qu'une fois assortis par couples, ils se retirent près des rivages les moins fréquentés, tels que les environs des îles Gallapagos, où ils accourent en foule des côtes du Mexique, du Pérou, ainsi que du golfe de Panama; c'est là qu'ils s'accouplent à la manière de la baleine franche. Le temps de la gestation de la femelle est de neuf à dix mois, après lesquels elle donne le jour à un petit, et rarement à deux. L'affection de cette mère pour sa progéniture est un modele de tendresse et un exemple étonnant de son courage à la défendre. Néanmoins l'homme, dont trop souvent le cœur n'éprouve d'autres impulsions que celles que lui dicte son intérêt, a trouvé dans son génie l'art de dominer et de vaincre le courage de ces animaux, et il est parvenu à enchaîner la force des plus redoutables.

La charpente osseuse de ce cachalot, ainsi que celle de presque tous ses congénères, est la même, à peu de chose près, que celle de la baleine franche ( voyez-en la description au mot BalEINE, pag. 428, 450 ), à l'exception néanmoins des vertèbres cervicales, dont les six dernières sont soudées ensemble par une sorte d'ankilose. On ne connoît pas exactement le nombre des vertebres dorsales, non plus que celui des caudales: cependant on voit trente-trois de ces vertèbres dans les galeries du Muséum de Paris, qui ont chacune dix-huit centimètres (7 pouces) de hauteur, et vingt-un centimètres (7 pouces et demi) de largeur.

On pêche avec autant de succès que d'avidité les macrocéphales, pour leurs dépouilles précieuses, dans les deux hémisphères, où l'homme, mu par son intérêt autant que par son habileté et sa hardiesse, va recueillir ces trésors avec autant de facilité que les moissons de ses champs.

Ces riches dépouilles ne consistent pas seulement dans la

peau de ce cachalot, dans son lard, qui a près de deux décimètres (7 pouces) d'épaisseur; ni dans sa chair, qui est d'un beau rouge; non plus que dans ses intestins et ses tendons, que l'on emploie aux mêmes usages que ceux du narwal vulgaire : mais encore dans ses dents et dans plu sieurs de ses os, qui servent aux naturels du pays à faire leurs instrumens de pêche et de chasse. Sa langue cuite est recherchée, dans les contrées septentrionales, comme un mets délicat; l'huile que l'on retire de son lard fondu donne une flamme claire et sans mauvaise odeur; avec les fibres de ses muscles on fabrique une colle excellente. Mais la plus précieuse de toutes ces récoltes est l'ADIPOCIRE, connu dans le commerce sous le nom vulgaire de BLANC DE BALEINE, ainsi que l'AMBRE GRIS (voyez tous ces mots). Ils sont l'un et l'autre plus que suffisans pour exciter les désirs ambitieux de l'homme, qui, bravant les tempêtes et les frimas, ose rechercher jusqu'aux extrémités du monde et provoquer au combat cet animal redoutable.

C'est dans la tête de ce cachalot que l'on trouve la première de ces matières précieuses. Pour cet effet, après avoir enlevé la peau, les tégumens, la graisse, ainsi qu'une membrane noire qui enveloppe de très-gros nerfs situés sur le sommet de son énorme tête, on découvre la calotte osseuse du cràne, qui est plus ou moins solide; on aperçoit alors sa cavité, qui est divisée en deux grandes portions inégales par une membrane tissue de nerfs disposés horizontalement. C'est de ces deux cavités, que l'on a justement comparées à des cavernes, que l'on retire quelquefois plus de dix-huit à vingt tonneaux de blanc, qui est alors liquide.

Cependant cette substance fluide n'est pas contenue immédiatement dans ces deux cavités; chacune d'elles est divisée en plusieurs compartimens par une autre membrane qui a beaucoup de ressemblance avec la pellicule intérieure d'un œuf, et qui contient ce blanc, qui, durant la vie de l'animal, est parfaitement liquide, et ne devient fluide que peu de temps après sa mort lorsqu'il est entièrement refroidi, il prend une consistance telle qu'on a cru pouvoir le comparer à la pulpe du melon d'eau; et lorsqu'enfin

cette matière est devenue concrète, elle est cristallisée et brillante.

Quoique cette substance huileuse se trouve autour du cerveau, elle en est néanmoins très - distincte par sa nature et par la place qu'elle occupe dans cette même cavité; on sépare facilement ces deux matières l'une de l'autre au moyen de la presse.

Ce n'est pas dans le cerveau seul des cachalots de cette tribu que l'on trouve cette substance; on la rencontre également dans toute la capacité de leur corps, depuis la tête jusqu'à la queue, et en général dans toutes les parties graisseuses de ces animaux : elle y est contenue dans un très-grand nombre de petits vaisseaux, qui des extrémités viennent aboutir à un canal que l'on a nommé improprement veine spermatique. Ce canal suit la direction de la moelle épinière; il a son embouchure dans le cerveau même, où il décharge un blanc nouveau à mesure qu'on en extrait celui qui l'a précédé.

Pour procurer une connoissance parfaite de la nature et de l'usage de cette substance, peut-être réputée plus précieuse qu'elle ne l'est en effet, nous ne pouvons mieux faire que de renvoyer au grand et bel ouvrage de M. Fourcroy qui a pour titre, Système des connoissances chimiques, tom. X, pag. 299 et suivantes.

Le cachalot macrocépale produit, ainsi que nous l'avons dit plus haut, une seconde substance, qui est connue sous la dénomination d'ambre gris, et qui est fort recherchée dans le commerce. Cette substance est une portion des excrémens de cet animal (quelques autres cétacés la produisent aussi), endurcis par la suite d'une maladie, et mêlés avec quelques parties d'alimens non digérés : on la trouve dans le canal intestinal, en boules ou en morceaux irréguliers, dont le nombre est quelquefois de quatre ou cinq. Voyez au mot AMBRE, et pour plus ample connoissance consultez l'Histoire naturelle des cétacés de Lacépède, l'an XII de la Républ., 1 vol. in-4.°, pag. 188 et suivantes.

2 Le CACHALOT TRUMPO, Catodon macrocephalus, Linn.; édit, de Gmelin,

Caract. part. Tête plus longue que le corps; dents droites et pointues; corps et queue allongés; une éminence arrondie, placée un peu au-delà de l'origine de la queue.

Quoique ce cachalot se rencontre dans les parages du Groenland, ainsi que dans les golfes Britannique et de Gascogne, néanmoins il paroît que la mer dans laquelle il se plaît davantage, est celle qui baigne la NouvelleAngleterre, surtout auprès des Bermudes.

Ce cétacé, qui a plus de vingt- trois mètres (70 pieds g pouces) de longueur, est surtout remarquable par son énorme tête, qui a plus de la moitié de cette longueur, et qui est un vaste réservoir d'adipocire. Quoique ses màchoires soient conformées de la même manière que celles du précédent à peu près, cependant elles paroissent comme tronquées en avant, et elles offrent l'image du mufle d'un taureau monstrueux. L'inférieure seulement est garnie, de chaque côté, de dix-huit grosses dents, qui sont reçues dans un même nombre d'alvéoles creusés dans la gencive de la mâchoire supérieure: ces dents sont droites, pointues et longues de près de deux décimètres (7 pouces 4 lignes); elles ont la blancheur du plus bel ivoire. On voit sur l'extrémité supérieure du museau de ce cachalot une bosse d'un tiers de mètre (1 pied) de largeur, au centre de laquelle l'orifice des évents se trouve placé son œil, qui est petit, est situé un peu au-delà de l'ouverture de la bouche; il est un peu plus élevé, qu'elle. Cet animal a en outre sur le dos une bosse qui s'étend sur la queue, et qui est située dans la partie intermédiaire, qui correspond à celle qui sépare l'anus des parties sexuelles.

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Ce trumpo, qui a quelquefois plus de quatorze mètres (45 pieds) de circonférence dans l'endroit le plus gros de son corps, qui est la partie la plus voisine de la nuque, est de tous ses congénères le plus agile, le plus audacieux et conséquemment le plus redoutable ses nâgeoires pectorales sont extrêmement courtes, et sa peau, qui est fort douce au toucher et d'un gris noirâtre, recouvre une graisse que l'on convertit en une huile qui passe pour être moins acre et plus claire que celle de la baleine franche. Ce

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