Page images
PDF
EPUB

guées de cette lutte éternelle, plusieurs d'entre elles s'avisèrerent d'un expédient dont je n'avois jamais entendu parler que dans les livres : elles. ramassèrent des petites pierres, les serrèrent fortement dans leurs pattes, et prirent leur route de nouveau dans les airs; elles parvinrent ainsi à affranchir le dangereux passage.

La bonne ou mauvaise exposition dépendent, comme je l'ai dit, du climat, qui diffère suivant les pays. Pour bien choisir, il faut avoir égard à plusieurs circonstances particulières. En parlant de la disposition de mon rucher, j'indiquerai celle qu'il faut préférer en France.

P. S. M. Barthes le père, cité par M. l'abbé Tessier, Encyclopédie méthodique, au mot abeille, « croit que dans les environs de Nar

bonne, les ruches doivent être placées au levant: « son opinion est fondée, ajoute M. l'abbé Tessier, sur l'expérience, et sur la connoissance du

[ocr errors]

local. A l'ouest, les vents qui règnent dans «< cette partie le plus ordinairement souffle<«<roient sur les ruches, et y amèneroient une

pluie froide très-nuisible aux abeilles.

CHAPITRE VI.

De l'usage qu'on doit faire en France, de ce que nous avons dit sur les ruches.

LES avantages de l'agriculture en général, et en particulier de l'économie des abeilles, dépendent souvent du climat, et de la température de l'air. Aussi voyons-nous journellement que telle pratique très bonne dans un pays, peut être indifférente ou nuisible dans un autre.

Ce n'est donc pas assez d'avoir exposé la manière de former et de disposer nos ruches; il faut faire voir encore que notre méthode, bonne pour l'Archipel, peut également être suivie en France, et avec autant, d'avantage pour la prospérité des abeilles et pour l'utilité des cultivateurs.

De toutes les espèces de ruches que j'ai décrites, je n'en vois pas qui puissent avoir la préférence sur celles de terre cuite.

A l'égard de leur dimension, que j'ai portée

à un pied de diamètre, je crois que c'est la plus raisonnable; mais pour la longueur on pourroit se régler sur la fertilité du pays, et sur le travail que les abeilles font dans les années ordinaires. A Syra, où les plantes sont très-abondantes en miel et en cire, les abeilles, dans les années passablement bonnes, remplissent leurs ruches, qui sont de trois pieds de long on est même quelquefois obligé de leur mettre une alonge d'un pied et d'un pied et demi, pour aider les abeilles à compléter leur travail dans l'année. Cela vient de ce qu'on est dans l'usage de tailler les ruches une fois par an; mais, d'après la disposition de notre rucher, qui donne des moyens faciles pour récolter les ruches à chaque moment, je suis parfaitement convaincu que deux pieds de long sur un pied de large, sons assez dans tous les pays du monde.

La grandeur des ruches une fois déterminée, voici comme on doit les disposer.

Dans un jardin, dans un enclos ou dans un terrain quelconque, on doit choisir un emplacement à l'abri des vents qui règnent le plus fréquemment dans le pays, et sur-tout du nord; ensuite on formera une muraille épaisse d'environ trois pieds, et longue dans la proportion des

ruches qu'on veut avoir : en supposant que ce soit de vingt-quatre, elle sera de vingt-cinq pieds. Ce mur doit être disposé de manière, que l'un de ses côtés soit tourné entre le levant et le midi, et l'autre entre le couchant et le nord.

Après cette disposition, on élèvera, 1°. le mur à la hauteur d'un pied, et on y distribuera douze ruches, en laissant entre elles, un pied de distance. 2°. La muraille débordera de six pouces au moins la ruche sur le devant, et autant sur le derrière cette saillie est nécessaire pour faire reposer les abeilles les abeilles, souvent excédées de fatigue, qui, ne pouvant rentrer sur-lechamp, périroient de froid ou de lassitude. Les ruches ainsi disposées, on continuera de les cimenter et encastrer dans le mur. Le premier étage achevé, on élèvera encore la muraille de deux ou trois pouces, et là on recommencera un nouvel ordre de douze ruches, que l'on posera perpendiculairement les unes sur les autres. Voyez la planche à la fin de ce volume.

La muraille ainsi terminée, formera un rucher parfait. Les ruches auront deux ouvertures: l'une, toujours fermée, empêchera les abeilles de pouvoir sortir; sur l'autre on pratiquera de petits trous autour du couvercle, qui leur don

neront la liberté de pouvoir entrer et sortir. On verra les avantages que la disposition de ce rucher donnera à l'économie des abeilles, et à leur prospérité.

Je dois dire ici que cette double devanture, et la double exposition du rucher, avec ses deux ouvertures, l'une du côté du sud-est, l'autre du côté du nord-ouest, serviront admirablement; la première pour le printemps et pour l'automne, les chaleurs alors n'étant pas assez fortes, pour que les abeilles n'aient pas. besoin de soleil. L'exposition entre le levant et le midi ne peut donc leur être que très-avantageuse: la seconde exposition servira en été, lorsque les chaleurs seront dans toute leur force. Dans le premier cas, on fera entrer et sortir les abeilles du côté du sud-est; on tiendra fermé l'autre côté dans le second, on ouvrira le côté du nord-ouest, et on fermera celui du sud; en y pratiquant quelques petits trous l'air y entrera librement, pour tempérer la chaleur excessive qui dans l'été règne dans les ruches.

Dans les pays chauds, où le soleil, de quelque côté qu'il tourne, est toujours brûlant, outre cette précaution de donner aux abeilles la sortie et l'entrée du côté du nord-ouest, on

« PreviousContinue »