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Aspice qui frontis decor est vultusque serenus
Judicis æquanimi proditor ipse sui !
Candorem et plenam doctrinæ robore mentem
Conspicienda tibi muta vel ora dabunt,
Ast Ancillonium non exhibet ærea totum
Linea. Pars melior per sua scripta patet.
Oelven.

W. de Broen, sculp. 5.

OUVRAGES DE CHARLES ANCILLON.

I. L'Irrévocabilité de l'Édit de Nantes, prouvée par les principes du Droit et de la politique. Amsterdam, 1688, in-12, 226 pages.

II. Réflexions Politiques, par lesquelles on fait voir que la Persécution des Réformés est contre les véritables inté– réts de la France. Cologne, 1685, in-12. C'est à tort que Bayle a pensé que cet ouvrage était de Sandras des Courtils, auteur des Nouveaux Intérêts des Princes.

III. La France intéressée à rétablir l'Édit de Nantes. Amsterdam, 1690, in-12.

IV. Histoire de l'Établissement des Français réfugiés dans les États de Son Altesse Électorale de Brandebourg. Berlin, 1690, in-8.° La composition de cet ouvrage est due à la juste reconnaissance qu'inspirait aux Français et à M. Ancillon particulièrement, la générosité toujours croissante de l'Électeur envers les malheureux bannis: générosité qui lui fit appliquer ce vers d'Ovide:

Sæpe premente Deo, fert Deus alter opem.

V. Mélange critique de Littérature, recueilli des Conversations de feu M. Ancillon, auec vn Discours sur sa vie et ses dernières heures. Basle, Eman et Jean Georges König, 1698, in-8.o, 3 vol. d'environ 500 pages.

Bayle dit que ce livre a été imprimé à Bâle, in-12, en

deux volumes. Il s'en est fait une nouvelle édition à Amsterdam, en 1702, en un volume in-12, qu'Ancillon a désavouée parce qu'elle contenait des choses qui eussent fait tort à la mémoire de son père et à la sienne. Ce mélange, composé en partie de ce que Charles Ancillon avait entendu dire à son père, renferme des remarques utiles et curieuses; mais, selon Joly, des faits inexacts et souvent une louange exagérée. L'épître dédicatoire au grand Frédéric et l'avertissement qui sont en tête du premier volume sont de Charles Ancillon, ainsi que tout le 3. volume.

VI. Dissertation sur l'usage de mettre la première pierre au fondement des édifices publics, adressée au Prince électoral de Brandebourg, à l'occasion de la première pierre qu'il a posée lui-même au fondement du Temple qu'on construit pour les Français réfugiés dans le quartier de Berlin nommé Frederichstadt. Berlin, 1701, in-8., 98 pages. L'auteur, après avoir rapporté tout ce que ses lumières ont pu lui fournir sur le sujet qu'il traite, avoue qu'il en est à peu près de cet usage comme des rivières dont on ne connaît pas la source, quoiqu'on en voie le cours et les progrès.

VII. Le dernier Triomphe de Frédéric–Guillaume-leGrand, Electeur de Brandebourg, ou Discours sur la Statue équestre érigée sur le Pont-Neuf de Berlin. Berlin, 1703, in-fol., 75 pages. Voici le jugement qu'en porte M. de Beauval (Hist. des Ouvr. des Savans, mars 1703, p. 142):

« Cette pièce est une harangue et une dissertation tout << ensemble. Le style en est un peu enflé, et l'auteur en<< tonne quelquefois un peu trop la trompette. Il a su faire << entrer dans son discours tant de remarques de littérature, << qu'il y en a assez pour une dissertation en forme. Il a < recherché en effet tout ce qu'on peut dire sur les statues équestres et pédestres. >

VIII. Histoire de Soliman II, Empereur des Turcs. Rotterdam, 1706, in-8.o, 170 pages. Cette histoire, trop étendue, écrite d'un style lâche, et ne présentant pas ces aperçus philosophiques qu'il est si rare de rencontrer chez les écrivains du 16.° siècle, laisse beaucoup à désirer. Nous allons donner une idée du livre. Il commence par une épître dédicatoire trop longue où la louange n'est pas ménagée; vient ensuite une préface assez étendue dans laquelle l'auteur explique le but qu'il se propose d'atteindre. Il donne cette vie comme un échantillon d'un ouvrage beaucoup plus considérable; et afin d'en prouver l'utilité, il s'étend avec complaisance sur les fruits qu'on retire des études historiques, et va même jusqu'à prétendre que la Bible et l'Évangile n'ont été inspirés par la Divinité qu'afin de former nos mœurs 1. La préface est suivie de l'extrait d'un livre de Charles Arndius professeur à Rostock intitulé Bibliothèque politique-héraldique choisie, imprimé à Rostock et à Leipsick en l'année 1705, in-8.o, traduit du latin en français. Cet extrait renferme des remarques sur la vie, l'esprit, le style, les ouvrages, la bibliothèque, etc., de M. de Thou; puis vient l'Éloge de Soliman par le même, mis en français, et enfin son histoire par Ancillon. Cet auteur avait le projet de traduire les Éloges de M. de Thou, qui devaient lui servir de texte, et de composer ensuite la biographie des hommes illustres dont cet historien a donné l'éloge. Plusieurs savans devaient l'aider dans ce travail, et des bibliothèques nombreuses lui étaient ouvertes à Verdun. Il avait l'intention, pour les autres histoires, de suivre l'ordre chronologique et de commencer par Louis XII, roi de France. On trouve à la fin une table alphabétique des noms de ceux dont il se proposait d'écrire la vie, et leur nombre s'élève à 500. Un tel projet ne suffisait pas encore à son zèle, il méditait la com

■ Bayle a fait sur l'Histoire de Soliman des remarques assez eurieuses.

position d'autres ouvrages qu'il indique, déclarant qu'il ne se croyait pas né pour être auteur; mais que, puisqu'il y était appelé, il promettait de ne pas enfouir le talent. Nous ne faisons pas de remarque sur la modestie de l'aveu.

IX. Traité des Eunuques par C. d'Ollincan (anagramme d'Ancillon), 1707, in-12. Ancillon composa cet ouvrage à l'occasion d'un eunuque italien qui voulait se marier. Il y discute le droit que ces malheureux peuvent avoir pour contracter une alliance, et prétend que cette faculté doit leur être interdite. On trouve dans cette dissertation beaucoup de littérature et des remarques intéressantes. Chaudon et Delandine accusent cet ouvrage de manquer de critique et de philosophie. Ancillon prend pour une histoire véritable l'allégorie de Fontenelle sur Méro et Enégie.

X. Mémoires concernant les Vies et les Ouvrages de plusieurs Modernes célèbres dans la République des Lettres. Amsterdam, 1709, in-12.

Un libraire de Rotterdam ayant eu l'intention de donner un Supplément au Dictionnaire de Bayle, pria Ancillon d'y coopérer avec plusieurs autres savans. Il y consentit ; mais sa santé s'étant altérée, et l'ayant obligé à discontinuer son travail, il l'abandonna, et le reprit ensuite pour le faire paraître sous la forme annoncée ci-dessus. Les savans cités dans ce volume, sont Valentin Conrard dont l'article contient 133 pages, Barthelemi d'Herbelot, Urbain Chevreau, Henri Justel, Adrien Baillet, Jacques Aubéry, Benjamin Aubéry (sieur du Maurier), Louis Aubéry, Jean Aubéry, Claude Aubéry, J. B. Cotelier et Laurent Beger. Il promet une suite à son ouvrage, sans renoncer pour cela aux Éloges des Hommes illustres de M. de Thou, qu'il se propose simplement de traduire et d'annoter, craignant que sa fin ne lui permette pas de remplir les engagemens qu'il a pris dans la préface de la Vie de Soliman.

On reproche aux Mémoires d'Ancillon d'être trop diffus.

XI. Histoire de la Vie et de la Mort de M. Lischeid.

Berlin, 1713.

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Mémoires pour servir à l'Histoire des Hommes illustres, par le P. Niceron, Ducatiana, t. I, p. 95, 96. t.VII, p. 382 et suiv. - Diction. de Bayle, t. I. Moréri, éd. de Basle 1743, t. I, p. 332, mais surtout le supplément, t. I, p. 319. Nouveau Dictionnaire histor. et crit. pour servir de supplément ou de continuation au Dictionnaire de Bayle, par Georges de Chaufepié, 1750, IV vol. in-fol., t. I. Histoire des ouvrages

des

Mars 1703, savans,

, pag. 142.

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Nouvelles de la république

des Lettres, avril 1709, p. 428 et suiv. Dictionnaire flamand de Bibliothèque lorraine. Histoire de Metz, t. III, p. 209.

Luisc.

Le Temple des Messins, p. 130, notes.

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F. A. Delandine, Nouveau Dictionnaire historique, 8. éd., 1804, Biogr. universelle, t. II, p. 103 et suiv.

t. I, p. 266, 267.

Art. de

M. Tabaraud.

ANCILLON (Joseph), célèbre avocat au parlement de Metz, homme de lettres, bon théologien et le meilleur jurisconsulte de la province, était le frère de David Ancillon. Il naquit à Metz au mois de novembre 1629, et mourut le 4 novembre 1719 à Berlin, où l'avait conduit la révocation de l'édit de Nantes. Cependant il ne s'y rendit pas de suite. Comme il était l'oracle du pays, on le retenait à Metz par tous les moyens imaginables, et ce fut à la dérobée qu'il quitta cette ville où l'on savait apprécier son mérite. L'électeur de Brandebourg se l'attacha en qualité de conseiller et de juge supérieur de tous les Français émigrés dans ses états, et il vécut heureux sur un sol étranger où il retrouva une grande partie des liens qui attachent à la patrie. Le Duchat fait le plus bel éloge de Joseph Ancillon. Son

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