Mélanges et Extraits historiques et Paralipomènes historiques 3507-3527 Biographie générale, ancienne et moderne, et Histoire généa logique. Bibliographie et Typographie spéciales. 3613-3633 Bibliographes généraux et de dépôts publics et particuliers. . 3634—3663 Bibliothèques particulières anciennes et modernes . SUPPLÉMENT. Livres de divers genres, Manuscrits, Romans de Chevalerie, 3664-3763 Poëtes, etc. Voir à la fin du Catalogue l'INDEX GÉNÉRAL des noms d'auteurs et des ouvrages anonymes, et, à la suite de la notice de la Bibliothèque de M. Yemeniz, la TABLE SPÉCIALE des manuscrits, des livres imprimés sur vélin, des reliures, des livres uniques, des ouvrages provenant de personnages célèbres, etc. NOTICE SUR LA BIBLIOTHÈQUE DE M. YEMENIZ Ce n'est pas sans quelque surprise, et surtout sans un vif sentiment de regret, que nous avons eu connaissance, il y a déjà quelques semaines, de la détermination prise par notre excellent et respectable confrère M. Yemeniz, de se séparer de la belle collection de livres manuscrits et imprimés qu'il avait formée depuis un demisiècle, et même davantage : Un livre est un ami qui ne change jamais, Nous pensions que cette sentence, qui a été aussi la devise de certains bibliophiles, pourrait consoler M. Yemeniz du chagrin bien naturel que lui a fait éprouver la perte toujours présente à son cœur d'une compagne qui méritait, comme on le verra plus loin, le sentiment vif et profond qu'il a conservé pour elle. Mais, par une de ces faiblesses du cœur humain que comprendront tous ceux qui ont éprouvé, ou éprouvent encore les joies que M. Yemeniz a eues pendant longues années, notre confrère n'a pas voulu être consolé; le dégoût s'est emparé de son cœur, et il a résolu de céder à d'autres les trésors qu'il avait amassés. Aujourd'hui, le sacrifice est consommé ; le catalogue de cette collection remarquable, bien connue de tous les bibliophiles, a été rédigé d'après celui que M. Yemeniz avait fait il y a déjà longues années, et publié à petit nombre sous ce titre : Catalogue de mes livres (1). Avant de parler de cette collection, disons quelques mots de celui qui l'a formée. M. Yemeniz est né à Constantinople, et Grec de nation. Après avoir reçu de ses parents une éducation libérale, il est venu s'établir à Lyon en 1799; il s'est livré dans cette ville commerçante, et cependant toujours très-littéraire, à la fabrication des étoffes de soie; il a prospéré dans son industrie et s'y est acquis une réputation méritée. Parmi les œuvres remarquables sorties de ses ateliers on cite une belle portière d'une seule pièce ayant deux mètres de largeur sur trois de hauteur, aux armes du duc de Luynes, et destinée au château de Dampierre. Je signalerai encore les beaux rideaux qui ornent deux salons de l'ancien hôtel de Pimodan, aujourd'hui la demeure du Président de notre Société, M. le baron Jérôme Pichon. Naturalisé Français, il a été pendant longues années Consul de Turquie et de Grèce; c'est son fils aîné qui exerce aujourd'hui les fonctions de Consul de Grèce. Les travaux et les soins que réclame toujours la direction des grandes industries n'ont pas empêché M. Yemeniz de se livrer à l'étude des belles-lettres, et surtout de cultiver ses goûts très-vifs de bibliophile, qui remontent aux premières années de ce siècle. En décrivant le bel exemplaire de l'Histoire consulaire de Lyon, du père Menestrier (voir au no 3308 du catalogue), M. Yemeniz nous apprend que c'est en 1804 qu'il en a fait l'acquisition. Les affaires de son commerce et les études que demande toujours la recherche des beaux livres ne l'ont pas tellement absorbé qu'il n'ait trouvé le temps de publier à ses frais, toujours à trèspetit nombre, des ouvrages curieux d'histoire, de littérature et d'archéologie. En voici l'indication suivant l'ordre chronologique. En 1846, il publia l'ouvrage de Fustaillier sur la ville et les antiquités de Mâcon, en latin, avec une traduction française par M. J. Baux, archiviste du département de l'Ain. En 1848, il confia au savant Boissonade la publication de plusieurs ouvrages de gram (1) A Lyon, chez Perrin, 1865-1866; in-4o, 3 vol. maire jusqu'alors inédits de George Pachymère. En 1850, il fit imprimer à très-petit nombre, sans la mettre dans le commerce, une Entrée de Charles VIII à Vienne en Dauphiné, pièce inédite tirée des manuscrits de Guichenon, comme il le dit dans la courte introduction qui précède cette pièce curieuse (catal. 3254). En 1851, il publia chez Perrin un inventaire resté inédit jusqu'alors des titres recueillis par Samuel Guichenon, suivi de pièces aussi inédites concernant l'histoire de Lyon ; lui-même en a écrit l'avant-propos très-curieux. En 1852, il fit imprimer à ses frais un ouvrage important sur le commerce, la fabrication et l'usage des étoffes de soie, d'or et d'argent en Occident, principalement en France pendant le moyen âge, dont il confia les recherches et la rédaction à M. Francisque Michel, bien connu par ses nombreux travaux sur l'histoire et la littérature de cette époque. En 1857, il donna chez Perrin une très-belle édition des œuvres du chanoine Papon, poëte forésien du seizième siècle, précédée d'une notice sur ce poëte par M. Guy de la Grye. Enfin, en 1860, il publia un supplément aux œuvres de ce même poëte dont il avait retrouvé un manuscrit ; ces deux volumes, remplis de gravures et de fac-simile exécutés avec le plus grand soin, sont tirés à trèspetit nombre, et le généreux bibliophile a distribué chaque exemplaire à ses amis, à ses confrères : je suis très-reconnaissant d'avoir été compris au nombre de ces derniers (1). J'ai dit plus haut que M. Yemeniz avait été cruellement frappé par la mort de sa femme. C'est le 10 mai 1860 qu'il a éprouvé cette douleur, et ce n'est pas trop dire que toute la société lyonnaise en a été sincèrement affligée. Madame Yemeniz était douée de grandes qualités physiques; mais à ces qualités qui passent bien vite, hélas ! elle joignait des qualités morales qui ne passent jamais, que le temps développe au contraire, et dont tous ceux qui l'ont connue n'ont pas perdu le souvenir. Elle avait toujours cultivé son esprit; le génie poétique l'avait même souvent inspiré : on le sent à la lecture des poésies qu'elle nous a laissées et qui forment une des parties les plus remarquables des Opuscules, (1) Je me contente d'indiquer ici seulement ces différents ouvrages dont la publication est due aux soins et à la générosité de M. Yemeniz; on en trouvera les titres exacts et complets dans les diverses sections de son Catalogue. : qui ont été pieusement recueillis par M. Yemeniz (1), qu'il a fait imprimer chez Perrin, à très-peu d'exemplaires, et qu'il a distribués seulement à ses amis. Ce volume est divisé en quatre parties les pièces de vers adressés aux enfants et celles qui traitent de différents sujets forment les deux premières, qui sont les plus courtes; les pensées en prose et quatre nouvelles écrites avec une grande simplicité, ce qui est une qualité rare de nos jours, composent le reste du volume. « Une idée ingénieuse, inspirée par la sollicitude maternelle, a dicté les poésies qui s'adressent aux enfants; voici comment l'auteur s'exprime à ce sujet dans sa courte préface : « Il m'a paru qu'en faisant apprendre des fables à des enfants trop jeunes << pour en saisir le sens allégorique, on risque de fausser leur jugement, car ils finissent par se persuader que les animaux ont, « en effet, un langage semblable à celui des hommes, et j'ai en<< tendu un enfant demander sérieusement où sont les chiens et « les loups qui parlent ? Je souhaite donc qu'une plume plus ha« bile et plus exercée que la mienne s'empare de ma pensée et a écrive, pour le premier åge, de manière à ne lui donner que « des notions justes et vraies. » Ces poésies sont écrites avec élégance et simplicité, et madame Yemeniz avait atteint sous ce rapport le but principal qu'elle s'était proposé. « Voici la première strophe de l'avant-propos qui précède ces poésies : Serrer mes enfants dans mes bras, Les contempler lorsqu'ils sommeillent ; Leur dire mon amour qu'ils ne comprennent pas; La fraîcheur, la santé, la vie; Prier le Seigneur avec eux, J'emprunte encore deux autres passages aux préceptes pour l'enfance : (1) Recueil d'Oruscu'es en vers et en prose, par Mme ***; Lyon, 1860, in-8°. |